Yayi S. 24/06/2018

À la tête du client… je me fais souvent refouler à l’entrée des magasins

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Je me vois souvent refuser l'entrée des magasins par des vigiles qui voient en moi et mes potes des potentiels voleurs plutôt que des clients...

La première fois qu’on m’a refusé l’entrée d’un magasin, c’était il y a un an au Décathlon. Avec des amis, nous voulions voir des vélos, les Rider 340, un modèle tout-terrain. On en voulait tous un ! Alors, on s’est rendus au magasin pour en essayer plusieurs, et voir lequel était le meilleur. Au bout d’un moment, nous avons posé les vélos, sans faire n’importe quoi. Puis, on s’est tournés vers les trottinettes. Pendant ce temps, les vigiles nous suivaient discrètement… J’entendais leurs talkies-walkies.

Nous étions dans le magasin depuis vingt minutes quand ils nous ont dit qu’il fallait qu’on sorte. La raison ? « Vous devez être avec un adulte. » C’était faux ! Un jour, nous en avons parlé à un caissier. Il nous a dit : «Si vous n’êtes pas contents, vous pouvez laisser un commentaire sur le site du Décathlon.» Aucun d’entre nous ne l’a fait. Laisser un message ne va pas changer les vigiles… Ce serait bien qu’ils soient juste plus polis, comme chez Lacoste par exemple.

Une autre fois, je suis allé chez Boulanger pour voir les écouteurs avec trois potes. Le vigile a carrément refusé de nous faire rentrer. Il pensait sûrement qu’on allait voler, alors qu’on voulait juste voir le prix. «Si vous n’avez pas d’argent, vous ne rentrez pas !» Pendant qu’on était en train de négocier, sur le côté, pour pouvoir passer, d’autres personnes pouvaient entrer sans problème dans le magasin. Le vigile faisait son travail pour Vigipirate, en regardant à l’intérieur des sacs. Mon pote a insisté et lui a dit que nous n’allions pas voler. Encore moins un vendredi, c’était vraiment pas bien car nous sommes musulmans. Il nous a répondu que même un prêtre pouvait voler le dimanche. Alors, nous sommes rentrés chez nous.

Ils se disent : « des jeunes qui rentrent dans un magasin c’est pour voler »

Ce qui me pose problème dans tout ça, c’est que je ne peux pas voir les prix des achats que je veux faire. Je peux toujours aller sur les sites des magasins mais la plupart du temps, ils ne vendent pas ce que l’on veut sur internet. Et puis on ne peut pas essayer, donc je n’achète pas en ligne. Je suis obligé d’aller dans un autre magasin ou repasser en espérant que ce ne soit pas le même vigile. C’est énervant.

Je ne me sens pas victime de racisme car les vigiles eux-mêmes sont noirs ou arabes : ils ont sûrement dû vivre plus de racisme que moi. Je les comprends un peu car ils doivent se dire que des jeunes qui rentrent à plusieurs dans un magasin, c’est sûrement pour voler. Ils ne veulent pas prendre le risque de perdre leur travail. Quand on leur demande pourquoi ils ne veulent pas nous laisser entrer, ils répondent que c’est le patron qui ne veut pas…

 

Yayi, 15 ans, lycéen, Paris

Crédit photo AdobeStock // CC Bablab

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2 réactions

  1. La discrimination des vigiles ne concerne pas que les jeunes quand vous êtes déjà senior aux cheveux blancs un peu fatigué avec une barbe, vous êtes considéré comme fauché, et donc, comme voleur potentiel. Certains vigiles aiment bien aussi trouver des boucs émissaires pour exprimer leur racisme antiblanc car c’est une réalité aussi, inutile de continuer à se voiler la face et il faut ajouter, que l’antisémitisme l’homophobie et la misogynie sont courants dans ce milieu j’en sais quelque chose car je l’ai vu autant de l’intérieur.
    C’est trop facile d’excuser les vigiles en disant qu’ils ne font qu’executer les ordres, cette inadmissible excuse n’a pas été retenue au tribunal de Nuremberg, pour les nazis qui ont été jugés et qu’ils ont amplement mérité leurs condamnations.

    Tous les vigiles ne se comportent pas en cow-boys et ceux qui le font, n’ont aucune excuse valable. Rappelons qu’un vigile il n’a absolument pas le droit de contrôler le sac sans le consentement du client, si celui-ci refuse de le faire à l’entrée le vigile peut lui interdire l’accès au magasin pour des questions de sécurité si cela se passe à la sortie des caisses le vigile doit dans ce cas demander la présence d’un officier de police judiciaire c’est comme ça et me dérange pas à la loi, non seulement le vigile doit avoir une preuve de vol, sachant que le client a le droit de refuser le coup d’œil dans son sac ce n’est pas un délit, quant à la fouille, elle est assimilable à une perquisition, ce qui relève de la police ou de la gendarmerie mais en aucun cas d’un vigile quel que soit son statut, en l’absence de preuve le vigile n’a aucun droit de retenir le client car c’est une séquestration et c’est un délit et en cas de vol, la retenue du client doit se faire sans la moindre violence ni physique ni psychologique.

    Le [comportement] des petits vigiles qui se croient à l’abri des lois sous prétexte qu’ils appartiendraient à une catégorie supposée être discriminée (et ça reste subjectif) doit cesser et être puni, et ceux qui les emploient et qui leur donnent des consignes discriminatoires, doivent être condamnés, au lieu d’être protégés par leur haut statut social, comme certains directeurs de grandes enseignes.

    Il est temps de s’organiser en association avec des testing et des témoins silencieux, qui au moment de l’incident filmeront la scène, et qui, grâce à leur nombre feront pression sur les vigiles pour exiger la présence du directeur de magasin et de la Police, c’est le seul moyen de prouver que les vigiles agissent au délit de sale gueule et au mépris de classe lié à la tenue vestimentaire, ou encore, par homophobie, sexisme, antisémitisme et autre, afin qu’il y ait des condamnations et que leurs abus de pouvoir violents cessent, un ami handicapé qui est très marqué par la maladie en a été victime à la FNAC, à Monoprix, et chez Boulanger avec de lourdes conséquences sur sa santé, mais une extrême désinvolture de la part des enseignes en question, en réponse au réclamations, alors que les vigiles des deux premières enseignes citées ont été particulièrement agressifs, menaçant et brutaux, alors qu’il n’y avait de la part du client aucun délit dans tous les cas, sinon une discrimination de son apparence physique, liée à sa maladie et son origine.

  2. Soit c’est de la discrimination, soit ils ont déjà eu des problèmes avec des jeunes sans adultes et ne veulent pas reprendre le risque… mais mettre tous les jeunes dans le même panier c’est quand même pas terrible…

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