Sihem H. 27/01/2015

Touche pas à ma France

tags :

La France est un pays d'immigration depuis des dizaines et des dizaines d'années. Pourtant, le racisme est présent et parfois plus bruyant que d'autres. J'en ai été victime, mais je persiste : ma France, ce n'est pas une France raciste.

Hier, en sortant mes poubelles, je croise ma voisine d’en face. « Bonjour ! ». Pas de réponse. Bizarre cette nouvelle voisine. Je réitère mon salut. Elle se tourne alors vers moi et me jette un regard… Mais un regard !!! Waouw !!! Je me suis d’abord dit que j’avais peut-être fait quelque chose de mal. Ma voiture n’est pas garée devant chez elle. Je n’ai pas fait de fiesta ces derniers temps. Je n’ai pas reçu de courrier à son nom par erreur chez moi. Bon, tant pis !

 « Sale arabe »

Le lendemain matin, je rentre mes poubelles en pyjama, la tête dans l’cul, et la revoilà qui déboule comme une folle. Naïve comme je suis, je lui dis : « Bonjour comment ça va aujourd’hui ? » Elle me répond alors, avec un accent ch’ti à la Ribéry : « Cha va pô du tout ! Comment qu’ça s’fait qu’mes poubelles sont sur ton trottoir sal vouleuse ?!!! »

Quand j’ai essayé de lui expliquer que j’avais déjà des poubelles, qu’il était inutile de lui voler les siennes, elle s’est mise dans une colère monstre ! Me traitant de « sale arabe », elle est alors partie dans un délire profond, son discours prenant la forme d’un meeting lepeniste.

Je ne lui ai pas claqué la porte au nez, je ne me suis pas énervée, probablement que je voulais entendre ce qu’elle avait à me dire, afin de me rendre compte jusqu’où la bêtise humaine pouvait aller. J’étais servie ! Je lui ai alors ri au pif et mis ma musique arabe à fond, pour me réveiller.

La France, ma France

D’origine algérienne, je suis née en France. Que ce soit de la part de camarades d’école, d’employeurs, de collègues, j’ai toujours été victime, directement ou non, de ce genre de propos. Cela ne m’a jamais trop dérangée, ce ne sont que des mots après tout. Et puis, je me sens chez moi. Ce qu’ils disent, je m’en fous complètement !

Mais ces derniers temps, ce racisme prend d’autres formes : un examen où je me trouve recalée sans raison, un entretien d’embauche qui ne dure que 10 secondes, le temps de déblatérer des propos racistes, ou encore une voisine folle qui a décidé de crier dans toute la rue que les Arabes « nous envahissent ». C’est un véritable « rejet » que je ressens. Les attentats contre Charlie hebdo et les prises d’otages de ces derniers jours ont fait ressortir ces âmes immondes. Clairement, j’ai peur…

Quand j’entends que les mosquées sont attaquées, que des snacks sont bombardés et que des femmes voilées sont agressées, j’ai peur.

« C’est pas ma France à moi cette France profonde. Celle qui nous fout la honte et aimerait que l’on plonge. » (Diam’s) Ma France à moi n’est pas raciste, elle a une mixité sociale unique, cela fait sa force et non sa faiblesse.

 

Sihem, 22 ans, volontaire en service civique, roubaix

Crédit photo Flickr CC Guillaume Berneau

Partager

3 réactions

  1. Je suis totalement D accord avec toi. Je suis issue de l’immigration italienne, et j’ai toujours été amusée par ce genre de psychose stupide. Certains français qui étaient plus français que moi (parce qu’ils avaient la nationalité française et pas moi) ce faisaient insulter de tous les noms mais moi on ne me disait rien parce que j’ai pas “une tête d’etrangere”. Et même après avoir expliqué aux xénophobes profonds que je ne suis pas plus française qu’une immigrée arabe et donc que je ne cautione pas leur comportement, ils ne comprennent pas, parce que leur problème n’est pas réellement la nationalité des gens, leur unique problème c’est qu’ils ressentent le besoin de rejeter toutes les fautes du monde sur des minorités qui n’ont rien demandé, et ca c’est juste ridiculement pathétique.

  2. Soutien total.
    La France n’appartient à personne,c’est nous qui lui appartenons si nous respectons sa devise.

  3. Ton calme m’épate, tu es forte.
    J’espère qu’un jour on pourra vivre tous ensemble sans rejet de l’autre. Bon courage.

Voir tous les commentaires

Commenter