Wissem 23/02/2021

Collégien, le masque m’étouffe !

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Ne plus voir les gens, ne pas réussir à parler, être essoufflé, me faire engueuler. Au collège et dans la rue, le masque me met hors de moi !

Entre le masque à porter non-stop, les règles qui changent tout le temps et le protocole sanitaire impossible à respecter, ma vie de collégien est devenue un enfer.

« Wissem, remet ton masque ou tu te prends un -1. » J’ai tendance à vouloir mettre ce bout de tissu sous le nez, voire même à essayer de l’enlever, pour respirer un peu. Jusqu’à ce que cette phrase vienne tout gâcher. Je le remets, mais je ne peux pas m’empêcher de l’enlever de temps en temps… jusqu’au moment où j’entends : « Donne-moi ton carnet, je t’ai déjà dit de ne pas enlever ton masque mais tu l’enlèves quand même, donc -1. » Résultat : je passe pour un élève perturbateur, j’ai -2 dans mon carnet avec écrit : « Wissem enlève son masque en cours. »

Depuis l’arrivée du Covid-19, la société est complètement chamboulée. Et ma vie par la même occasion. Je me rappelle encore la première fois que j’en ai porté un, ça ne m’a pas semblé plus gênant que ça… Mais aujourd’hui, le masque est devenu un vrai fardeau.

En classe, nous ne sommes pas dix, mais trente !

Depuis janvier 2020, le virus a fait des dégâts. Le président et le ministre de la Santé ont donc décidé de mesures de sécurité qui changent chaque mois, voire chaque semaine. On nous dit qu’il faut garder une distance d’un mètre entre nous, ce qui était déjà très compliqué. Et voilà qu’avec le nouveau variant, on nous dit deux mètres de distance. Ils se fichent de nous. En classe, on ne peut pas garder deux mètres de distance, c’est impossible. Les salles de classe sont trop petites pour ça. On nous dit également à la télé qu’il ne faut pas être plus de dix personnes réunies. En classe, nous ne sommes pas dix, mais trente !

Avec l’arrivée de nouveaux variants du coronavirus, le ministère de l’Éducation nationale a renforcé le protocole sanitaire dans les établissements scolaires afin d’éviter leur fermeture totale. Europe 1 fait le point sur les changements majeurs.

Le port du masque ne m’apporte que des problèmes. Je déteste le porter pour plusieurs raisons. Dernier exemple en date : pour rentrer chez moi, je dois prendre le bus. Ce jour-là, le bus est passé devant moi et j’ai dû courir pour le rattraper à temps. Seulement, je n’arrivais plus du tout à respirer à cause du masque : c’était la première fois que je ressentais cela.

Dans la vie d’un collégien, en cours, il est particulièrement insupportable. La plupart d’entre nous devons le porter une journée complète. Lorsque je me fais interroger, je dois répéter ma réponse plusieurs fois car le masque cache le son de ma voix et les gens ne m’entendent pas. Si seulement ce problème n’était lié qu’à moi, ça irait. Mais non ! Toute ma classe a ce problème. Et même les profs : ils parlent, mais on n’entend pas tout ce qu’ils disent. Certains de mes camarades portent des lunettes aussi et doivent les essuyer toutes les cinq minutes à cause de la buée. Je les plains vraiment.

Des ninjas ou des robots sans émotions

Il y a des jours où je suis pressé de rentrer chez moi juste pour enlever cet objet qui est source de débats et de tensions. Une fois chez moi, ça y est, je suis libre ! Mais ensuite, mes parents allument la télé. Ils mettent les infos et le discours est toujours le même : manifestations pour ou contre le masque, débats sur les mesures sanitaires, discours à propos du Covid-19. Ça me rend fou. Ils ne peuvent pas parler d’autre chose ? Je sais pas moi… le réchauffement climatique, les problèmes météorologiques, ou ces autres choses dont on parlait avant le Covid-19.

Au lycée aussi, vivre avec la Covid-19 s’avère compliqué. Classes surpeuplées, impossibilité de respecter la distanciation sociale, cas dissimulé.e.s par l’administration… Chloe raconte comment il est difficile, dans son établissement, de mettre en pratique le protocole sanitaire.

La société actuelle n’a plus l’habitude de voir une personne sans masque. Mais c’est grave ! Avec ces masques, nous sommes comparables à des ninjas ou des robots sans émotions : on ne voit que nos yeux. Tant de choses me manquent : on ne voit plus les bouches, donc on ne peut plus déchiffrer ce que les autres disent sur les lèvres. On ne peut plus utiliser la totalité d’un de nos sens : l’odorat, car notre nez est caché par ce morceau de tissu.

Bref, il n’y a qu’une seule conclusion à en tirer : vivement que tout le monde l’enlève ! Et c’est peut-être paradoxal, mais c’est pour cela qu’il faut se forcer à effectuer les gestes barrières et à porter ce fichu masque…

 

Wissem, 14 ans, collégien, Lille

Crédit photo Unsplash //  CC Elodie Agodor

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