ZEP 01/09/2018

VIDÉO – Comorien en France, je fais tout pour m’adapter

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Quand mon père, français, m'a proposé de le rejoindre, j'étais ravi. Mais j'ai beau m'adapter, apprendre le français, aller au lycée, mes efforts n'ont pas encore payé.

Je suis parti de mon pays, les Comores, pour vivre avec mon père en France. J’ai eu un visa familial parce que mon père est français. Et il m’a fait cette proposition. Chez moi, tout le monde aime bien la France, on dit que c’est un pays développé qui aime les étrangers.

Le voyage a été assez douloureux. J’étais partout : aéroport, transit, douanes… Tout ça m’a révélé plusieurs choses. J’étais jamais sorti des Comores. J’étais seul, enfin j’étais avec un inconnu : un Comorien qui venait aussi ici. J’ai d’abord pris un petit avion des Comores jusqu’en Tanzanie. J’ai eu un peu peur. C’était un vieil avion avec des hélices ! Comme un hélicoptère ! Je suis resté 2h là-bas. Puis, un vol jusqu’à Dubaï. A l’atterrissage, j’ai vu des buildings, j’avais jamais vu ça ! Sauf à la télé ! J’ai vu le monde. Puis, un avion pour Paris. Ce qui m’a le plus choqué en arrivant c’est le froid. Moi j’étais habitué aux zones tropicales ! Et puis c’était l’hiver, le soleil se couchait à 16h, chez moi il se couche tout le temps à la même heure, vers 20h.

J’ai commencé à m’adapter. Mon but c’était : apprendre le français, aller à l’école et connaître la culture française. J’avais commencé à parler la langue aux Comores et, en arrivant en France, je me suis inscris dans un centre culturel à Cachan. Pour améliorer mon français. Ils donnaient des cours. J’étais avec beaucoup de réfugiés qui ont quitté leur pays à cause de la guerre. Ils m’ont raconté, ils se sont réfugiés. Ça m’a surpris de trouver des personnes comme ça. Ça m’a réveillé. Et ils sont là pour apprendre le français, comme moi !

J’y ai vu des personnalités politiques comme le maire de Cachan et ses adjoints.

J’ai passé quelques mois au centre, on faisait des maths et du français, c’est grâce à ça qu’aujourd’hui je suis scolarisé. Mon premier jour au lycée, j’étais très triste, j’avais peur de trouver des personnes que je ne connaissais pas. En rentrant dans la classe, j’étais timide. Un nouvel élève ça se lève, ça se présente, j’avais peur parce que j’avais pas l’accent français. En fait, ils étaient gentils, ils m’ont bien accueilli, ils m’ont intégré et fait visité.

J’ai voulu obtenir la nationalité puisque mon père est français : j’avais tous les documents qui montrent que j’ai le droit. Mais ils m’ont refusé. Je me souviendrai toujours de ce jour où j’ai perdu l’espoir quand on m’a dit que mon père m’avait «reconnu tardivement». Maintenant, je suis dans les démarches pour préparer le recours. J’attends la convocation du tribunal pour avoir une décision finale… Comme je suis scolarisé, j’ai l’espoir qu’ils ne me laissent pas comme ça.

 

Youssouf, 17 ans, lycéen, Cachan

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