Abdulkrim M. 26/01/2020

Dans ma ville, à part le stade, y a rien

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Au Bourget, comme y a rien à faire, je faisais des bêtises. Maintenant, j'essaie de trouver des activités pour arrêter de zoner, mais ça coûte cher. Et personne ne nous aide.

J’ai commencé à sortir seul dehors à 10 ans. J’allais jouer au foot, faire des cache-cache ou des « polices-voleurs ». Des bons moments ! Mais quand je suis devenu ado, ces petits jeux m’ont lassé. Dans ma ville, au Bourget, à part le stade, il n’y a rien. Pas de salle de musculation, pas de centre commercial, pas de cinéma sympa, rien ! Je dois bouger dès que j’ai besoin de quelque chose.

Plus tard, quand je rentrais du collège, je déposais mon sac et je ressortais. Mais je m’ennuyais. Rester en bas de mon bâtiment à discuter avec ses amis, c’est cool deux minutes mais au bout d’un moment, j’avais honte de ne rien faire. Je me comparais à un clochard. J’étais partagé entre rester chez moi toute la journée à jouer ou sortir pour ne rien faire.

Mes fréquentations ont changé. Comme je ne ne savais pas quoi faire, je faisais des bêtises. J’ai commencé à fumer la chicha, à mentir à mes parents pour traîner dehors. Au collège aussi mon comportement dérivait. Je n’avais que 13 ans mais je perturbais les cours. Je commençais à me faire remarquer dehors. Quand on s’ennuie et qu’on est petit, on aime bien se faire remarquer !

Traîner ne m’apporte rien

Arrivé en troisième, j’ai compris que mon comportement était mal vu. Je me suis dit qu’il fallait que je me ressaisisse pour être accepté dans un lycée qui me plaît et poursuivre mon avenir comme je le souhaite. J’ai limité les sorties, j’ai arrêté de bavarder en classe. Mes notes sont remontées, j’ai eu de meilleurs bulletins. Ça m’a rendu tellement heureux ! J’ai eu envie de revivre cette joie plus souvent.

Son quotidien à la campagne, Audrey en a eu marre. Excitée par la vie en ville, elle est partie pour se sentir libre : « Après ma campagne, une grande ville c’est quand même plus cool »

Maintenant, si je sors, c’est pour faire quelque chose d’intéressant : me cultiver, aller au cinéma, réviser à la bibliothèque ou faire du sport. Je prends la carte de mon frère pour la salle de musculation à Garges, je prends les transports pour aller au cinéma à Aulnay. Tout coûte cher, ça me saoule. Je me débrouille pour trouver des trucs à faire mais il faut des moyens. Je demande des sous à mes parents mais, pour eux, tout cumulé, c’est compliqué.

Traîner ne m’apporte rien. J’ai donc cherché des activités et c’est ça le problème. Personne ne nous aide. À part des petites activités de temps en temps, ni la ville, ni l’État ne mettent des choses en place pour améliorer notre cadre de vie. Et cet ennui mène à la délinquance, le vol ou la drogue… Je le sais, je le vois tous les jours.

 

Abdulkrim, 16 ans, lycéen, Le Bourget

Crédit photo Unsplash // CC Kevin Laminto

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