Marine F. 06/11/2018

En rave party, seul le présent compte

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La drogue, la musique, les gens… Marie aime ces nuits clandestines, ce milieu underground si loin de l’éducation classique qu'elle a reçue.

Il y a plein de façons de prendre conscience qu’il manque quelque chose dans sa vie. Pour certains, c’est un voyage humanitaire, la perte d’une personne proche, ou bien une rencontre. Pour moi ça a été les raves et la consommation de drogues.

J’ai grandi à Enghien-Les-Bains, une petite ville que je considère comme le « Petit Deauville Francilien ». Je rêvais de cafés-clopes avec des copines, d’avoir une mention au bac et de passer des vacances au Club Med. Avec le recul, je rêvais d’une vie plutôt basée sur les apparences.

J’étais totalement ailleurs, j’étais bien

Et puis j’ai commencé à m’ennuyer, je passais mes soirées et mes journées avec les mêmes personnes, tout le monde se ressemblait, les discussions tournaient en boucle, je ne m’intéressais plus à rien. Pendant mes années de première et de terminale, j’ai fait une dépression : je ne quittais plus mon lit, hormis pour aller en cours. Chaque fois que j’étais dehors j’étais mal, j’avais l’impression d’être un fantôme, sans qu’il n’y ait vraiment de raison à ça.

Et puis un jour, des gars de mon lycée se sont procurés du LSD. Ça a fait le tour du lycée et j’ai voulu tester. J’ai entendu parlé des teufs, et un soir j’ai franchi le pas : je suis allée en rave, au milieu des champs à trois heures de train et de marche de chez moi avec une amie et une centaine d’inconnus devant un « mur de son ».

Je me suis retrouvée plantée devant de gros caissons empilés les uns sur les autres qui faisaient vibrer mon corps. Je bougeais au rythme de ces battements, de ces pulsations. J’étais totalement ailleurs, j’étais bien et surtout je n’avais plus cette impression d’être un fantôme. Je me sentais vivante. Là-bas, c’était plutôt simple : personne ne jugeait personne, chacun était responsable de soi et en même temps des autres, il y avait une sorte de cohésion inconsciente du groupe.

Devoir gérer les bad trips

Aller en rave, ce n’est pas que du positif. Je me suis isolée de beaucoup de personnes, mes notes ont chuté et mes parents ont commencé à flipper de ne jamais me voir à la maison.

Et il y a la drogue : il m’est arrivé de passer deux jours couchée dans mon lit à cause d’un taz (ecstasy) qui m’avait détruit le ventre. Et devoir gérer les bad trips d’un pote sous LSD, c’est vraiment angoissant.

Dans les soirées électro, Martin s’évade de son quotidien avec des petits cachets d’ecsta. Aujourd’hui, il aimerait bien s’en passer et cherche d’autres exutoires.

Centre d'une salle de soirée illuminé par des lumières bleues à gauche et rose à droite. On aperçoit des silhouettes violettes.

Avec l’éducation que j’ai reçue, dans ma famille ou à l’école, on m’a toujours appris à éviter les gens en marge de la société, comme les punks à chiens dans le métro ou les déscolarisés… Je conçois que ce genre de soirée ne plaise pas. Ça paraît violent et sale à cause des drogues. Du coup, on définit de la même manière les gens qui fréquentent ces lieux : sales, violents et drogués.

Mais moi, quand je vais dans une rave, je passe aussi ma nuit à rencontrer des gens totalement différents, qui me font rire et qui m’expliquent leurs utopies, leurs expériences.

À Enghien-les-Bains, les personnes que je côtoie passent leur temps à ne parler que de leur avenir, d’agir en fonction de tel ou tel objectif. Alors qu’en rave, j’ai l’impression que seul le moment présent compte. Ça doit être la raison pour laquelle j’aime autant y aller. Comme une petite de trois ans qui veut aller à Disney World.

Marine F. , 17 ans, étudiante, Enghien-les-Bains

Crédit photo Flickr // CC Menno Abbink

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