Sophia H. 02/01/2015

Il était une fois les quartiers Sud de Marseille

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Je les vois, ces Marseillais en marge qui, faute de mieux, vivotent. Une zone non-prioritaire mais un foyer de pauvreté, sous mes fenêtres.

Nous sommes dans les quartiers sud de Marseille. Ils vivent dans des appartements vétustes et confinés, alors ils traînent en bas, capuche sur la tête, qu’il pleuve ou qu’il vente. Certains vont encore à l’école et tentent de s’accrocher à ce dernier espoir tandis que d’autres tiennent les halls d’immeuble ou s’amusent à faire des figures sur des scooters éventrés.

J’observais souvent les parties de foot de ces gamins basanés à la peau brûlée par le soleil de juillet. Ils parlaient fort, ils éclataient de rire, mais ils cachaient leur détresse derrière une répartie implacable et une assurance de fer.

Le vote sécuritaire soi-disant contestataire

Décrochage scolaire, chômage, petits trafics et séjours en prison, maternités précoces… Tout cela caché derrière de jolies résidences, de quoi alimenter un peu plus la frustration. De temps en temps : des faits divers cités brièvement dans les périodiques et faisant allusion à un règlement de compte. Parfois, les élus font un commentaire, ils condamnent ces agissements, puis la tension redescend comme s’il ne s’était jamais rien passé.

Depuis quelques années, à la veille d’élections, je constate âprement la montée « du vote sécuritaire ». Oui, vous savez bien, ce vote soi-disant contestataire mais qui n’a jamais éliminé la misère et l’exploitation. Et ces enfants, capuche sur la tête, continuent de fuir l’école qui les rejette, la maison qui les oppresse et toute forme d’autorité, se livrant à la loi de la rue.

Nous sommes dans des quartiers qui ne sont pas classés prioritaires mais où des poches de pauvreté existent bel et bien, où la déviance est une réalité, mais où existe également un vide culturel effrayant. Dans ces quartiers où l’on aime bien voter pour plus de sécurité aucun moyen n’est mis en œuvre pour faciliter l’intégration de tous et les lier à leur territoire. Pourtant, nous sommes au sud de Marseille.

 

Sophia, 21 ans, animatrice du blog la petite robe rouge, Marseille

Crédit photo Flickr CC marcovdz

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