Nicolas G. 04/01/2018

J’ai sauvé ma copine du cyberharcèlement

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Un soir, un appel à l’aide : la copine de Nico était sur le point de se faire rejeter par tout le lycée. Il a compris le cyberharcèlement en l'aidant.

Un jour, j’étais au cinéma quand j’ai reçu un message de Julie, ma nouvelle copine : « Nicolas, j’ai besoin de ton aide. » Jamais je n’aurais refusé de l’aider ! Elle m’a expliqué : « Je suis sorti avec le garçon que je t’avais dit que j’aimais fort ! On allait bientôt passer à l’acte car je me sentais bien avec lui… »

Mais un jour, il lui a demandé des photos d’elle, nue. « J’ai fait que le haut pour lui faire plaisir, par amour, mais il a tout screen (capture d’écran, ndlr)… Il m’a dit ne t’en fais pas, c’est juste pour moi ! »

Sauf que pour se vanter, pour faire son mec, ce gars a envoyé les photos à son cousin, qui n’était pas du tout dans la même région. Sauf que ce cousin connaissait une fille du lycée où était Julie ! Et il lui a envoyé.

Les photos ont tourné dans le lycée de 1 300 personnes !

Au lycée, Julie s’est fait fusiller du regard. Tout le monde rigolait, mais elle ne savait pourquoi ! Ce n’est que le soir, quand elle est rentrée, qu’un copain de sa classe lui a envoyé toutes les photos.

Le drame. Elle s’est sentie complètement TRAHIE ! Jamais, elle n’aurait pensé ça de la part de son ex, et ne pensait plus qu’à une chose : se suicider ! Elle était hyper agressive avec le monde extérieur et avec sa famille ! Cette fille était DÉTRUITE ! Alors qu’elle a juste fait ça par amour pour lui !

Le cyberharcèlement, on fait comment pour que ça s’efface ?

C’est là que je suis arrivé dans sa vie. C’est pour ça qu’elle m’a demandé de l’aide, elle ne savait plus quoi faire. J’ai pris les choses en mains pour la sauver.

J’ai commencé par la pousser à porter plainte. Ça n’allait rien arranger pensait-elle. J’ai donc choppé son ex, en présence de Julie. J’ai pris son tel pour supprimer toutes les photos, et lui ai mis un bon coup de pression ! Je lui ai dit que ce n’était pas fini pour lui.

Le gros souci, c’est que plein de personnes avaient les photos ! Alors je suis allé chercher la fille qui avait servi de relai entre les deux régions, et j’ai dû faire du chantage pour qu’elle supprime tout.

J’ai eu beau faire, tout le monde la traitait de  « keh a mojito [pute] » !

Un jour, Julie m’a lâché le morceau : « Ce n’est pas ça le pire. Il m’a forcée à lui envoyer des photos du bas ! Il me menaçait et m’a vraiment forcée ! »

Retournement de situation

J’ai infiltré le compte Snapchat de Julie, en deux-trois clics de piratage car elle avait perdu son mot de passe. Je suis tombé sur leur conversation : il l’avait bel et bien forcée !!! Ce petit con se faisait passer pour le mec bien au lycée, en disant que c’était elle qui avait envoyé ça pour l’allumer. Retournement de situation : j’avais la preuve.

Dans une vidéo, Inès, Mariam et Ashley s’expriment sur le harcèlement.

Zoom sur les yeux d'une jeune femme qui porte des lunettes et regarde au loin.

J’ai balancé toutes les conversations dans le lycée ! Le vent a tourné, et les gens se sont finalement retournés contre ce chien. Les choses se sont atténuées progressivement. Le mec a changé de lycée et tout s’est fini après trois mois d’acharnement.

Tout le monde a pu remarquer combien Julie avait changé après cela. Je n’ai jamais écouté les autres et je me suis battu pour la fille que j’aimais. Je n’ai pas lâché. Aujourd’hui ça fait un an et demi qu’on est ensemble !

Il faut que les gens réfléchissent aux conséquences avant de faire n’importe quoi sur Internet.

Nico, 16 ans, Paris

Crédit photo Flickr // CC Juan Pablo Mejia

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8 réactions

  1. @pasbesoindehero, j’imagine très bien la légitimité de votre point de vue, mais y a plein d’autres problématiques dans le monde qui touchent tout autant les femmes que les hommes (aka l’homosexualité par exemple, comme vous en parlez en tant qu’exemple), du coup je ne suis pas certains que la sensation d’isolement et d’injustice soit le monopole de la gente féminine.

    Alors certes, on est tous raciste/homophobe/sexiste au moins un minimum de part notre société, et même si je suis plutôt d’accord avec vous, comme vous le dites vous-même d’une l’auteur est jeune, de deux il est très facile d’extrapoler des émotions d’un texte (vous êtes tout de même dure avec votre lexique, fanfaronnade c’est tout de même un peu excessif venant d’un article qui ne nous livre pas l’entièreté du contexte).

    Moi-même en revanche je comprends à 100% qu’il est parfois très dérangeant de voir quelqu’un qui n’est pas touché par X problème y réagir mais dans l’état actuel (et de toute manière je dirais même jamais) des choses je ne pense pas être apte à juger si oui ou non ils devraient pour autant se taire ou réagir, quelle est la meilleure procédure dans ce genre de dilemme faut être un peu égocentrique pour penser son avis comme étant le seul (je ne dis pas que vous l’êtes attention, j’exprime juste pourquoi personnellement la question est dure à traiter pour moi).

    Je ne crois pas que votre démarche est malveillante du tout, de la même manière que les adultes protègent leur enfant du harcèlement eux-même, alors que certains proposent aux enfants de tenter d’apprendre à s’en protéger en autonomie: quelle est la meilleure solution je ne sais pas, mais elles ont le mérite d’exister toutes les deux…

  2. Au delà de tous ce qui est dit en commentaire, je trouve cela beau. Je ne connais pas la victime, ni son copain, mais je veux le remercier car comme on le sait tous, tout le monde n’aurait pas fait la même chose. Qu’une personne l’ait aidé c’est fantastique !

  3. Ce site doit rester une tribune où la bienveillance et la solidarité doivent primer. Le label respect zone pourrait tout à fait être envisagé !!!
    Ces témoignages étaient le point de départ d’ateliers d’écriture où mes élèves se sont beaucoup investis, Votre critique, cher « pasbesoindehero », est tout à fait déplacée et ne prend pas en compte l’énergie déployée pour accoucher de ces tranches de vie. Désolée mais contrairement à votre pseudonyme, je pense que nous avons tous besoin de héros a fortiori dans notre quotidien parfois très morose, mais il s’agit alors d’une autre question. Merci de respecter le travail des autres et déversez votre fiel ailleurs mais pas à la zep ! Ou essayez l’écriture comme thérapie plutôt que comme arme.

  4. Bonsoir,
    Je suis la personne ayant écrit cet article.
    J’ai 16 ans.
    C’est ma première rédaction.
    Donc soyez indulgent.
    J’ai expliqué mon histoire, je me suis batue avec ma copine.
    Oui pour répondre à votre question sans moi elle ne serait plus la du tout !
    Et votre violence envers les femmes c’est du n’importe quoi !
    Jamais mais jamais je leverai quoi que ce soit sur elle !
    Donc sérieusement arrêtez de faire des fixations sur les hommes ! Car je pense qu’à mon âge c’est très rare de voir des personnes sauver la vie de quelqu’un, de stopper sa vie pour aider la personne ! De se couper du monde pour pourvoir tout faire pour la sortir de la ! Car oui elle ne parlait plus et c’est moi qui l’ai « forcée » à s’exprimer ! Et à l’heure d’aujourd’hui chaque jour elle me remercie !
    Cordialement
    Nicolas.

  5. On ignore mais on peut quand même agir. C’est ce qu’a fait Nico et pour ça je le respecte.
    Il ne parle pas pour sa copine mais pour lui-même. Et il se trouve que, dans ce cas précis, elle ne savait pas quoi faire.
    Un témoignage est une expérience unique, singulière, prenez-le donc en tant que tel.
    Et il est hors de question que, parce que ce sujet concerne les femmes, les hommes soient voués au silence. Sinon vous renversez seulement la situation « sexiste ».
    Bref, n’hésitez pas à m’envoyer un article si vous voulez raconter ce que vous vivez vous ! elliot@la-zep.fr

  6. Je crois que ma critique n’a pas bien été comprise… J’ai bien dit en quoi il fanfaronnait, je n’ai pas fait cette affirmation sans la développer. Je ne dis pas que l’intention était de fanfaronner mais que c’était l’effet produit. Vous comprenez mal la notion de communautarisme, et du reste, je n’ai jamais dit qu’un homme ne pouvait pas se joindre à la lutte. Ce que vous faites en revanche, c’est du mansplaining : en tant qu’homme qui n’a jamais subi ce que les femmes subissent au quotidien, vous tentez de m’expliquer comment je dois lutter au quotidien, vous m’expliquer que ma lutte n’est pas saine, que je dois forcément saluer quelqu’un qui se présente en héros. Relisez un peu le texte que vous avez fait écrire : « C’est là que je suis arrivé dans sa vie. C’est pour ça qu’elle m’a demandé de l’aide, elle ne savait plus quoi faire. J’ai pris les choses en mains pour la sauver. » N’avez-vous vraiment pas l’impression que l’auteur se met excessivement en avant ? L’auteur est en train de dire que sans lui, sa copine n’aurait pu se relever, n’aurait pu traverser la tempête, qu’il est un sauveur. Sentez-vous un peu le ton paternaliste ? Une femme n’a pas besoin d’un sauveur, elle a besoin qu’on respecte sa dignité, peu importe qu’elle soit la femme, la fille, la copine d’un homme. Qu’un homme agisse contre le harcèlement est normal. C’est le moins qu’on puisse attendre. Jamais on ne devrait présenter cela comme un acte héroïque. Si une femme avait agi de la même façon (si la victime était lesbienne par exemple), elle n’aurait sans doute pas eu le besoin de présenter cela comme un acte de bravoure exceptionnelle, et se serait moins mise en avant, elle n’aurait jamais oublié de prendre en considération la victime, qui reste le sujet principal de l’histoire. Je comprends tout le travail qu’implique la rédaction d’un texte, mais cela ne doit pas vous aveugler et vous faire perdre tout sens critique. N’oubliez pas qu’en tant qu’homme, aussi bienveillant que vous soyez, vous ne subissez pas ce que les femmes subissent, et vous feriez mieux de tenir compte des critiques qui vous sont adressées. Ne prenez pas ces critiques de façon personnelle, ces critiques se situent sur le plan politique, sur la façon dont les hommes -qui je le rappelle ne sont pas oppressés comme le sont les femmes- prennent part à NOTRE lutte. Pour avoir moi-même été harcelée, même agressée sexuellement, je trouve insupportable que des hommes se mettent en avant, alors que dans l’immense majorité les femmes sont réduites au silence, peinent à parler, et que dans l’immense majorité les hommes n’agissent pas, voire cautionnent les violences faites aux femmes. Vous semblez mal comprendre les mécanismes qui sous-tendent le sexisme, ce qui explique que ma critique ait mal été reçue. Le jeune homme qui a écrit cet article, aussi bienveillant qu’il puisse être, fait partie d’une catégorie qui pratique la violence contre les femmes, et ne peut s’extraire de cette catégorie simplement parce qu’il a bien agi ; se présenter en tant qu’homme qui a sauvé une femme, c’est faire oublier la triste réalité, celle des hommes qui, dans leur immense majorité, contribuent à la perpétuation des violences contre les femmes ; et surtout c’est faire croire que le salut d’une femme passe nécessairement par un homme, ce qui est profondément déplacé.
    Écoutez davantage les femmes, notamment les féministes qui subissent tout ce que vous ne subirez jamais, et cessez de leur dire comment elles doivent lutter. Écoutez surtout. Les hommes contribueront mieux à notre lutte en montrant leur capacité d’écoute, leur capacité à se remettre en question et à rester humbles compte tenu de leur position. Les hommes bénéficient directement du sexisme et de la misogynie, sur tant de plans, et même quand ils ne le souhaitent pas. Vous comprendrez peut-être que c’est insupportable de voir les hommes se mettre en avant, fiers comme des coqs, alors que les femmes souffrent en silence, traversent des choses parfois indicibles, des épreuves particulièrement lourdes, et font preuve de bien plus de courage pour les affronter, que les hommes. Cessez de tout envisager à travers votre égo, et mettez-vous toujours à la place des victimes, des femmes, au nom desquelles vous parler (parce que vous croyez visiblement que les femmes ont besoin d’un ventriloque, qu’elles ne peuvent parler par elle-même). Commencez par envisager les conséquences de vos actes, la portée de vos écrits sur le plan global, et non uniquement selon vos intentions de départ. C’est ainsi que vous nous rendrez véritablement service. Je ne reviendrai même pas sur l’exemple du SDF que vous avez invoqué, et qui est malvenu. Vous confondez deux luttes bien différentes, vous ignorez les mécanismes internes aux violences sexuelles.

  7. J’ai fait écrire ce jeune homme et je suis très content de ce qu’il a fait. A la fois au niveau de l’article mais aussi de son action. Sa copine était dépassée, il l’a aidée. Il aurait aidé un SDF vous n’auriez pas dit qu’il fanfaronnait ! Alors le féminisme c’est bien mais vouloir évacuer l’engagement des hommes dans la cause, ça c’est du communautarisme. Il ne fanfaronne pas, il a 16 ans et il est fier d’avoir pu aider. « Un homme a sauvé une femme » : tant mieux non ?
    Et il raconte ce que lui a vécu dans cette histoire, pas celle de sa copine que nous n’avons pas rencontré. C’est ça témoigner !
    Bonne journée à vous !

  8. Je trouve ce texte un peu maladroit, le ton me paraît fanfaron, et en cela inapproprié. Pourquoi faire parler un proche de la victime plutôt que la victime elle-même ? Surtout, pourquoi laisser le proche de la victime parler de lui-même, seulement de lui-même, reléguant la victime au second plan ? Oui, bien sûr, il est nécessaire d’agir face à une situation de harcèlement, mais la personne qui agit n’a pas à se présenter comme le sujet principal de l’histoire, pire comme l’héroïne de l’histoire. Émettre un propos général dans les deux dernières lignes du texte me semble bien léger, quand le reste du texte n’est que fanfaronnade. Finalement, on retient de ce texte qu’un homme a sauvé une femme du harcèlement ; et c’est profondément triste. Je crois que les hommes monopolisent suffisamment le débat public, que la parole des victimes est trop souvent dévalorisée, et c’est un élément qu’il faut impérativement prendre en compte, quand relate une situation de harcèlement, sans en avoir été soi-même victime. Cette mise en avant d’un homme, présenté comme le sauveur, le libérateur, me rappelle beaucoup cette une de l’Observateur qui présentait des hommes luttant contre le sexisme, une publiée après l’affaire Weinstein. Cette monopolisation du débat public par les hommes doit cesser, y compris sur un média participatif, comme la ZEP. Je ne dis pas que l’auteur n’a pas le droit de s’exprimer, mais son texte aurait dû être retravaillé, en tenant compte du contexte. Même dans la lutte contre le sexisme, il y a une inégalité entre les hommes et les femmes. Les hommes ne subiront jamais les conséquences négatives de leur engagement, tandis que les femmes les subiront toujours. Je sais que l’auteur est encore jeune, que ses intentions étaient bonnes, mais cela n’empêche pas que son texte soit critiquable. Et je suis certaine que l’auteur peut apprendre de ses erreurs. Retravailler le texte serait une bonne idée.

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