Lucie M. 28/06/2017

Je ne veux plus voter, je veux lutter

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J'ai 21 ans et je suis communiste, j’ai besoin de me lever et de dénoncer les injustices !

Quand ma tante, de droite, a su que j’étais communiste, elle n’a pas perdu de temps pour me sortir un mot, un nom, celui de Staline. Comme si l’idéologie qui permet chaque jour de se battre contre l’idée qu’il existe une classe supérieure à une autre ne se résumait qu’un seul homme. Où sont Marx et Lénine dans tout ça ?

Aujourd’hui, je fais partie de la jeunesse communiste du 94. J’ai la sensation d’avoir trouvé ma place, loin de ma chambre et près de mes idées : celles d’une banlieue digne, d’une Palestine libre et d’une police condamnée pour ses crimes…

Malgré mes foutus 21 ans, je crois que j’ai besoin de me lever et de dénoncer !

Dans la foule où l’on crie non au racisme d’État, en tant que citoyenne française, je sens que ma place ne peut qu’être là.

Bien entendu, j’ai été relativement attentive aux élections. Parfois exaspérée, je sentais qu’il était nécessaire que je m’exprime, mais aujourd’hui, je ne veux plus voter, je veux lutter.

Le communisme m’a ouvert l’esprit !

Au début, j’étais timide. La plupart des camarades de la JC 94 étaient plus âgés, allaient à Sciences Po, travaillaient déjà ou avaient voyagé dans des endroits incroyables. Mais en même pas quelques heures, je me suis sentie chez moi.

J’avais enfin trouvé des gens qui ne me trouvaient pas folle quand je parlais de changer le monde, quand je disais qu’il y avait des milliers d’artistes en banlieue, quand je disais que nous, les jeunes, nous pouvions affronter la politique et prendre une bonne fois pour toute la parole.

À l’heure actuelle, je pense que la politique se passe davantage dans la rue que dans une urne.

Il y a en France des jeunes en colère, qui ont envie de crier ! On les blâme quand ils foutent un peu la merde, mais il y a de quoi péter un câble quand c’est toujours les « bamboulas » et les « bougnoules » qui subissent des contrôles (ces putains de mots sont même rentrés dans le dico de l’ordinateur).

J’ai toujours voulu dire ce que j’avais dans le ventre et la jeunesse communiste m’a ouvert l’esprit, m’a fait comprendre qu’il y avait encore des personnes dans ce monde qui croyaient en la justice.

Mon quotidien, ce sont des réunions, des tracts, des crises, un peu de soirées (parce que parfois on en a besoin) et un peu de tristesse (parce qu’on a un cœur et parfois, on retient nos larmes). Ce sont aussi des divergences qui engendrent la discussion. Moi, au départ, j’étais au milieu de tout cela, perdue entre la brume et un soleil que je tentais d’apercevoir… Et j’ai mis un peu de temps à prendre la parole.

À l’heure actuelle, la politique se passe plus dans la rue que dans une urne. Il y a en France des jeunes en colère, qui ont envie de crier !

Mais j’ai été épatée ! Une énergie époustouflante se dégageait de leurs esprits et tout ce qu’ils faisaient, c’était pour les autres. Ils laissaient leurs égos et leurs individualités dehors. Exactement mon état d’esprit.

J’ai 21 ans et je me cherche encore. Il y a des choses qui font affreusement mal, comme de se rendre compte que des choses comme l’islamophobie et la haine en générale sont devenues banales. Mais quand j’écris ou que je suis dehors, entourée de belles personnes, quand je suis avec des gens qui voit plus la femme que l’arabe en moi, je me retrouve.

J’ai toujours été à gauche et le communisme est aujourd’hui comme une suite logique dans mon parcours, il me permet de lutter dans ce monde où ma rage s’amplifie quand des insultes racistes deviennent « convenables » et quand « il y a un problème lié à l’islam ».

 

Lucie, 21 ans, étudiante, Val-de-Marne

Crédit photo CC Jean Latour // Flickr

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