Arthur L. 13/09/2019

Je subis l’homophobie juste parce que j’ai des proches LGBT

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Un soir, en terminale, j'ai dormi chez un ami homosexuel. Dès le lendemain, des rumeurs ont couru sur moi. Hétéro, j'ai soudain réalisé ce que subissaient mes proches LGBT.

Quand ma sœur m’a annoncé qu’elle était lesbienne, j’ai eu un petit coup de choc, même si je m’en doutais un peu. Tant qu’elle est heureuse, je suis content aussi. Perso, je suis hétéro, mais dans ma famille ou parmi mes amis, il y a des homos. Et, finalement, je vis la même situation que mes proches homosexuels, sans l’être, mais uniquement parce que je les côtoie.

En fin d’année de terminale, j’ai fait une soirée avec plein de potes dont un pote gay chez qui j’ai fini par dormir car j’habitais trop loin, et lui à côté. On est en soirée, on se filme et on poste ça sur les réseaux en story, sans penser aux conséquences. Le lendemain, je vais en cours. Dans ma classe, un petit groupe rigole et me pointe un peu du doigt. Ils me traitent de « PD » et disent que je me suis fait baiser. Je ne comprends pas trop ce comportement, ça me gêne et ils ne me laissent pas me justifier.

Avant cela, ma sœur m’avait parlé du fait qu’elle et sa copine s’étaient déjà pris quelques remarques par des passants dans la rue pour s’être tenues la main ou embrassées. Mais ce n’était que du récit, je ne l’avais jamais vécu et je ne pouvais pas savoir quelles conséquences cela pouvait avoir sur le moral.

Même mes amis proches se posaient des questions ! Alors qu’à ce moment-là, je sortais juste d’une relation avec mon ex-copine. Après quelques temps, ça s’est calmé. J’avais pas à en faire tout un plat, c’était des petites plaisanteries à droite à gauche qu’on me balançait après avoir fait des sorties avec lui. J’en parlais très peu, je vivais ma vie sans me poser de questions. Mais c’était quand même pesant, je commençais à m’énerver dès qu’on m’en parlait. Tout ça a duré une grosse semaine.

Dormir avec un homo c’est comme dormir avec une amie

À un entrainement de basket, un pote s’est assis avec moi pour me demander si j’avais vraiment dormi avec lui. Pour la première fois, j’avais l’occasion de m’expliquer et de me confier sur toute cette histoire et sur comment je l’avais vécue. J’ai donc pu dire que j’avais juste dormi dans sa chambre mais sans plus. Il était dans son lit, moi dans un autre lit, sur sa mezzanine. Ses premiers mots ont été : « Ah ouais ? » Il était choqué puis il m’a demandé si je n’avais pas eu peur. Mais je comprenais pas de quoi je pouvais avoir peur. Dormir avec un homosexuel est la même chose que de dormir avec une amie. On peut avoir peur mais il n’y a pas de raison du moment qu’il y a de la confiance.

Avec sa coupe de cheveux courts, sa façon d’être et de s’habiller, Solrun met à l’épreuve les clichés qui, au collège, font les frontières entre garçons et filles.

Capture d'écran de l'article "T'es genre une fille ET un garçon ?" illustré par une photo : une petite fille couple les cheveux d'une autre avec une paire de ciseaux jaune. Elle porte un tee-shirt blanc avec des petits coeurs roses. Celle juste devant elle à des cheveux châtains clairs et porte un débardeur gris.

Je n’arrive toujours pas à savoir pourquoi j’ai eu besoin de me justifier à ce sujet. Au final, on s’en fout un peu de si je suis gay ou pas, c’est pas quelque chose d’important. Pourtant, pour mes potes, ça allait changer beaucoup de choses dont notre amitié. Alors qu’à la base, on est tous pareil. On ressent tous des choses différentes, mais ça ne fait aucune différence entre les gens. Et surtout quand on dort avec quelqu’un du sexe opposé, il ne se passe rien si ce n’est pas consenti. Avec quelqu’un du même sexe, homosexuel ou non, c’est exactement pareil, non ?

Arthur, 18 ans, étudiant, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Ian Dooley

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1 réaction

  1. Arthur, l’avantage de ton témoignage, c’est que tu as ressenti la même chose que tes proches gays et lesbiennes, c’est-à-dire : de l’humiliation, des moqueries et des insultes. Ce que je veux dire par là, c’est que toi, en étant toi-même, tu t’es mis à la place de tes proches comme si tu étais toi aussi différents. Ce que tes amis t’ont fait comme remarque, ils le font car il n’ont pas d’amis, de proches ou des membres de leur famille qui soient homos. Ce qui est bien c’est que toi, tu puisse comprendre ce qu’ils ressentent, car, malheureusement, toutes personnes LGBT partout en France (et dans le monde) reçoivent ce genre de moqueries, insultes sur les réseaux sociaux, violences verbales et physiques, humiliation… Ce que MOI aussi j’ai dû encaisser pour enfin, au bout de quelques années de rejet du monde entier, j’puisse enfin être tranquille… Car, quelque soit ta sexualité, que tu sois gay ou que tu soit amis avec des gays, sans le vouloir, tes « amis » te délaissent, tout ça parce que tu es Tolérant et que tu accepte les gens tels qu’ils sont ! Pour mon expérience personnelle, j’ai perdue tout mes amis à cause du fait que je soit lesbienne, et même si les insultes ce sont arrêtés, je n’en ait toujours pas. La différence fait peur, même si aimer une personne du même sexe n’est pas un crime, l’éducation et l’image stéréotypé de la société en mettant des étiquettes sur tous, fait que la communauté LGBT est mal vue par beaucoup de personne. Je te remercie d’avoir partagé ton expérience, ça fait du bien, de savoir que certaines personnes « hétéro », nous acceptent tels que nous sommes 😉

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