Amandine U. 13/06/2020

Mon « métier d’hommes » et leurs violences

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Avant, je faisais des livraisons pour une boîte. Mais entre le harcèlement sexuel, les menaces et les mauvaises conditions de travail, j'ai préféré quitter ce « métier d'hommes ».

J’ai risqué ma vie tous les jours. Tenir un camion entre les mains, ce n’est pas facile. Ce n’est ni un jouet, ni une voiture.

Le danger, c’est tous ces abrutis du volant qui roulent comme des cons. Qui ont failli me foutre en l’air. Les gens se plaignent des accidents alors que certains les cherchent indirectement. Quelle ironie !

J’étais chauffeuse livreuse. Je livrais du médical, du matériel SNCF et des colis issus de commandes internet pour des grosses enseignes. J’étais la seule femme de mon dépôt. La seule de la région.

Je ne passais donc malheureusement pas inaperçue. Même des clients de la SNCF de Nîmes me connaissaient alors qu’on ne s’était jamais vus. J’éclatais de rire. Je me sentais unique et j’aimais bien. En plus, je ne m’entends pas trop avec les femmes.

Mais j’avais à faire à de sacrés énergumènes, pour rester polie. Me faire accoster et siffler à la station essence, dans des relais routiers, sur la route, dans les bouchons… c’était pénible. Ça me faisait presque de la peine pour eux. Leur vie devait être pathétique pour penser que j’allais leur répondre en disant : « Allez, on va dans un coin, j’ai adoré le son de ton sifflement. T’es un expert ! » Sans déconner les gars !

Une femme dans un métier d’hommes ? Se coltiner les faces de cons

Je faisais 400km/jour, si ce n’est pas plus. Il y avait souvent des problèmes, étant donné que c’est un métier d’hommes. C’était dur pour la santé. Se lever. Se coltiner les faces de cons. La pression. Le stress. Les angoisses permanentes. Se casser le dos à porter des colis trop lourds. Mais je n’avais pas le choix. Soit je bossais, soit je glandais, et glander ce n’était même pas envisageable.

Pendant ses vacances d’été, Nicolas a travaillé comme ouvrier BTP sur un chantier. Il a vécu la dureté d’un métier dangereux et fatiguant mais il sait maintenant qu’il veut continuer à étudier !

Puis dans la boîte, rien n’allait. Harcèlement sexuel. Menaces de mort. Un c****** de patron qui ne payait pas à leur juste valeur ses employés. Qui n’assumait pas ses responsabilités. Sa commerciale qui faisait des leçons de vie sur les tenues vestimentaires, mais qui n’était même pas fichue de s’habiller décemment. Et son soi-disant responsable qui n’était qu’un manipulateur et un danger pour tout le monde. Après deux ans de travail presque impeccable, j’ai dû arrêter.

Les premiers mois de chômage ont été très durs. J’étais devenue faible. Mais je me suis rendu compte que je venais de regagner ma liberté.

Je suis devenue plus forte, et maintenant ma vie va à 3000km/heure.

 

Amandine, 21 ans, en recherche d’emploi, Lunel

Crédit photo Giphy // © Julia Jacklin – Body (clip vidéo 2018)

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