John 09/03/2015

À Aulnay, mon quartier m’apprend à aimer la différence

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Poser un regard différent sur la banlieue, un regard de journaliste mais vu de l'intérieur. C'est ce que j'ai essayé de faire...

Je m’appelle John. Du haut de mes 26 ans, vous pouvez me considérer comme un homme ordinaire, un homme comme tous les autres.

Depuis quelques années, j’habite à Aulnay-sous-Bois, dans le département de la Seine-Saint-Denis. Une ville dont les médias ont une fâcheuse tendance à faire la mauvaise publicité, quand ils ne la réduisent pas à néant. Ils la cataloguent vite, mais ils oublient que des personnes intègres y vivent aussi.

Aller…

Aujourd’hui, je vais me mettre à la place d’un de ces journalistes et vous faire un zoom sur mon quartier.

À Aulnay-Sous-Bois, la vie commence à 5h du matin ; les bruits des bus et les klaxons des camions-poubelles donnent le ton de la journée ! En faisant un zoom pour obtenir un plan rapproché de mon bâtiment, nous pouvons voir trois familles différentes, dont la mienne. Mon voisin de palier se nomme Jordan, il est gitan et est marié à une Serbe. Juste en dessous, il y a une famille d’origine maghrébine. J’ai toujours été ému par ce mélange culturel qui enrichit mon quotidien.

7h, départ de mon voisin pour le travail, la mauvaise sonorisation des lieux a aussi ses avantages… Les pas de Jordan dans les escaliers me servent de réveil.

8h, je sors de chez moi pour me rendre au travail sur Paris. J’emprunte le RER B, réputé pour malmener ses voyageurs au quotidien, mais les Aulnaysiens sont finalement habitués. Sans nous en rendre compte, nous côtoyons dans les transports des personnalités, des cultures variées… La diversité. Fatigués, têtes baissées, préoccupés par nos propres vies, ou en pleine lecture du premier journal gratuit, nous nous rendons… là où nous devons nous rendre.

… retour

18h, je sors de la Gare d’Aulnay-Sous-Bois, après une journée de travail mouvementée, mais enrichissante, je me presse de retrouver mon confort.

Je monte les premières marches, et je sens les odeurs du couscous de mes voisins, en une seconde, je m’évade et je voyage. Arrivé devant ma porte, j’entends mon voisin jouer de la guitare, et un mélange de chants gitans et bretons. Que demander de plus ?!

Certaines personnes préfèreraient sans doute se poser dans un silence morbide et éviter les odeurs de nourriture, mais moi j’aime cette richesse, j’aime mon quartier.

J’aime les valeurs qu’il me transmet, indirectement, tous les jours : le respect, la mixité et par-dessous tout, la tolérance. Ces trois valeurs m’ont appris à apprécier la différence.

 

John, 26 ans, salarié en insertion, Aulnay-sous-Bois

Texte rédigé en atelier d’écriture avec Banlieues créatives

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