Orens M. 14/04/2018

Plongez dans ma tête de sportif de haut niveau

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Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'un sportif de haut niveau lors d'une compétition ? Le temps d'un 100 mètres crawl, je vous plonge dans mes impressions à chaud !

Cinq minutes, c’est le temps avant ma course. C’est le moment où l’entraîneur me donne des conseils. Mais je suis déjà dans ma bulle, ce lieu sans bruit, sans aucune pensée extérieure à la course. « Clac, clac », je me tape tous les muscles pour les réveiller, des jambes jusqu’à la nuque. Je vais tout donner.

Mon corps me paraît plus lourd, mes pensées m’embrouillent, cette sensation, je n’ai jamais ressenti ça auparavant. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Tous ces regards intimidants et provocateurs que font les autres concurrents pour te distraire. « Oh non, que m’a dit mon entraîneur déjà ? Mince ! » Plus le temps d’aller le voir, il faut que j’aille derrière les plots.

On m’appelle, mon cœur bat de plus en plus vite, le stress m’envahit, la sueur de mon corps commence à se faire voir, il faut que je respire mais j’ai du mal. Il faut que j’arrive à me calmer.

Une minute, ça y est, j’y suis, le moment que tout le monde attend, les spectateurs et les nageurs, tout le monde retient sa respiration. Les adversaires se regardent, s’observent. Dans les tribunes, il y a des spectateurs qui nous huent. « Tu vas te faire battre, t’es nul ! » Ceux-là je ne les écoute pas. Et il y a des spectateurs comme mes parents : « Vas-y défonce-les tous, tu peux y arriver. »

Après ces mots, je suis plus motivé que jamais. Là, je suis à 200% de mes capacités. Deux coups de sifflet, je m’approche des plots. Je me dis : ça va commencer. Encore un autre coup de sifflet, je monte sur les plots. C’est parti. Le temps autour de moi s’arrête, je visualise ma course dans ma tête.

Pour commencer il faut « hop » plongeon, rester bien gainé, la tête rentrée pour prendre un maximum de vitesse. Coulée de huit mètres, quatre ondulations pour sortir de l’eau et enfin reprendre la nage. Attention, c’est le moment le plus important. Il ne faut surtout pas louper sa reprise de nage, sinon c’est la fin. Car 100 mètres en crawl, c’est très court, un seul faux pas et tout bascule. Ça commence, le juge arbitre va donner le départ.

À vos marques… partez !

« Take your mark… Tut ! ». Je plonge, pieds serrés, mains collées, tête rentrée, c’est bon. Coulée, magique, cette sensation de l’eau traversant mon corps de la paume de la main au bout des orteils.

Ondulations et… reprise de nage, ça y est, j’ai réussi, la course peut être lancée. 1, 2, 3, je respire, grande inspiration et je replonge ma tête. 1, 2, 3, je respire, grande inspiration et je replonge ma tête. Déjà 50 mètres, virage, ce moment où on essaye de retourner tout son corps le plus vite possible. Donc virage rapide.

Mes pieds heurtent le mur et se décollent le plus rapidement possible comme s’ils étaient en feu. En ressortant de l’eau, la bataille finale est lancée. Plus que 50 mètres et la course sera jouée. Les adversaires sont au coude à coude. Certaines personnes commencent à être à distance, c’est bon signe. Plus que 25 mètres, nous ne sommes plus que trois, les trois places pour le podium.

La fatigue se fait ressentir, j’ai plus de mal à respirer qu’avant. Non c’est pas le moment de lâcher, pas maintenant, pas si proche du but. À quoi auraient servi tous ces entraînements si une petite fatigue prenait le dessus ? Allez, c’est maintenant, tout va se jouer au mental. Mon obstination et ma motivation reprennent le dessus.

En tournant ma tête à droite, je vois mes parents et mon entraîneur m’encourager, ça me motive encore plus. Chaque mouvement va me mener à la victoire. Allez, plus que cinq mètres. « Bam, bam, bam, bam » et « boum » les trois adversaires sont arrivés. On enlève nos lunettes et l’excitation que je ressens est inexplicable.

En regardant le tableau d’affichage, je n’ose pas y croire. J’ai remporté. Est-ce une hallucination ou est-ce bien réel ? Non, c’est bien réel. Je regarde mon entraîneur et il me dit : « C’est bien bonhomme, t’as fait une très bonne course. » En entendant ces mots, je ne peux pas être plus fier.

Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti une sensation toute nouvelle pour moi : l’extase de la victoire.

 

Orens, 16 ans, lycéen, Paris

Crédit photo Pxhere // CCO

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1 réaction

  1. Bravo pour ce récit détaillé et exitant. Tu écris très bien.
    Merci,

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