Letchi S. 12/05/2021

Sport de combat : j’ai mis les garçons au tapis

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En commençant le taekwondo, les garçons la traitaient différemment. Sa force n'a rien à voir avec son genre : elle est la meilleure du club !

Quand j’ai commencé le taekwondo, les garçons n’osaient pas me frapper. Aujourd’hui, je suis la première de mon club.

Depuis toute petite, je regarde beaucoup de films avec Jackie Chan, Jet Li et Bruce Lee. Je les admire beaucoup, ce sont mes idoles. C’est mon cousin qui me les a faits découvrir. Comme je suis passionnée par les sports de combat, j’ai décidé de m’inscrire pour en faire en club. Le premier que j’ai fait, c’était du judo, à 7 ans.

Ma mère aurait voulu que je fasse quelque chose de plus féminin, comme les petites filles de mon âge. Elle avait opté pour de la danse ou de la gym. Moi, je ne voulais pas. Ce n’était tout simplement pas mon truc. Elle a accepté que je fasse du judo principalement pour que je sache me défendre et pour que je puisse me protéger si quelqu’un essayait de m’agresser physiquement.

Comme le club était assez loin, j’ai dû arrêter. Mais j’ai décidé de reprendre un nouveau sport de combat : le taekwondo. Ce sport m’intéresse beaucoup car il est assez complet. Je dirais même que c’est un mélange de différents art martiaux, car on peut utiliser les mains et les pieds. C’est d’ailleurs la signification du mot « taekwondo » en coréen.

Si j’avais été un garçon, il aurait frappé

Le premier jour, quand je suis rentrée dans la salle d’entraînement, la première chose que j’ai remarquée c’était qu’il y avait beaucoup plus de garçons que de filles. Ça ne m’a pas posé problème, au contraire. Pour les exercices, on était donc obligé de faire des groupes mixtes car c’est assez rare de travailler individuellement dans ce sport.

Le podcast YESSS met à l’honneur les victoires de femmes ordinaires contre le sexisme. Le sixième épisode revient sur les combats de celles qui ne se sont pas laissées faire dans leurs disciplines sportives.

La première fois que je me suis entraînée avec un garçon, c’était assez gênant. Il essayait de ne pas me faire mal et il n’utilisait pas toute sa force. Ça m’a un peu énervée car si j’étais un garçon, il m’aurait sûrement traitée différemment. Alors j’ai commencé à utiliser ma force aussi. Vu comment il frappait au début, je pensais qu’il n’avait pas de force. Malheureusement, je n’ai pas pu me contrôler et j’ai frappé un peu trop fort. J’ai réussi à le faire tomber.

J’essaie de convertir ma famille à mon sport de combat

Les jours passaient et je m’améliorais de plus en plus. J’étais en avance par rapport à ma ceinture. Je montrais même des techniques à mes camarades plus gradés. Par exemple, j’étais plus avancée dans les poomsae, un enchaînement de techniques de combat assez complexe dans les arts martiaux coréens. Finalement, je suis devenue la première de mon club !

Je me suis beaucoup servie de ce que j’apprends au taekwondo et au judo dans la vie de tous les jours. Quand certaines personnes me cherchent, j’utilise ces techniques pour me défendre. J’ai réussi à convaincre mon petit frère d’en faire. Ma sœur n’est pas trop intéressée par les arts martiaux, elle préfère la boxe ! Mais cela ne m’a pas empêchée de lui apprendre certaines techniques.

Le sexisme n’est pas que dans les sports de combat. Les filles doivent redoubler d’efforts pour faire leurs preuves. Ça a aussi été le cas de Kadiatou dans le football.

Les garçons ont peur de frapper les filles car ils pensent qu’elles sont faibles. Certaines filles essaient aussi de me décrédibiliser. Je ne sais pas pourquoi, mais elles ne font même pas le poids !

 

Letchi, 14 ans, collégienne,  Vaulx-en-Velin

Crédit photo Unsplash // CC Camila Sanabria

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