Hamza Z. 20/06/2019

Sur ma route, mon amour du foot m’a permis de rencontrer des gens

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Du Tchad à la France en passant par l'Italie, j'ai beaucoup bougé et beaucoup joué ! Dans tous ces nouveaux lieux où j'habitais, le foot me permettait de sociabiliser.

J’ai beaucoup bougé dans ma vie. Je suis né à N’Djamena, au Tchad. À 7 ans, je suis parti en Libye, puis au Niger. À 13 ans, je suis revenu en Libye. J’ai traversé la Méditerranée, direction l’Italie, puis la France. Nice, Marseille, Nantes et maintenant Paris. À chaque fois, l’amour du foot m’a permis de rencontrer des gens.  

J’ai commencé à jouer en club à l’âge de 6 ans, au Tchad. Je me souviens de mon premier coach. Il était trop content dès qu’on était victorieux, il criait et il disait à tout le monde : « On a gagné cinq matchs d’affilée ! » On avait des maillots du Brésil, on se croyait les champions du monde !

Dès que je suis arrivé en Libye, je me suis inscrit dans un club. Je ne jouais plus dans le sable, mais sur la pelouse. C’était plus confortable. Trois fois par semaine, j’étais à l’entraînement. On faisait des championnats interquartiers. Je les ai gagnés plusieurs fois avec mon équipe.

Une fois le ballon entre les pieds, la communication s’établissait

Un mois après être arrivé en Italie, j’ai repris un ballon. Je jouais tout le temps : il y avait un terrain à moins de cinq minutes de là où on habitait avec mes potes libyens. Les Italiens aussi venaient jouer avec nous. J’ai fini par m’inscrire dans un club local, sur les conseils d’un copain. L’entraîneur voulait que je sois là dès 7h du matin pour améliorer ma condition physique. Il ne m’a pas lâché. Il me faisait courir trois fois par semaine. Il m’a même acheté des crampons. Tout le monde parlait italien, je ne comprenais pas grand-chose, mais une fois le ballon entre les pieds, la communication s’établissait.  

Ces vidéos amateurs des « CAN » organisées dans de nombreux quartiers d’Ile-de-France début juin montrent bien que le foot, c’est pas que taper un ballon !

Et puis, il a fallu encore partir. À Nantes, je jouais dans le quartier. C’était l’époque où je buvais pas mal d’alcool et où je fumais. Il a fallu choisir : l’alcool ou le foot. Et j’ai choisi le foot, car je me sens bien quand j’ai un ballon, ça me permet de rester en bonne santé et de m’évader de mes soucis.

Dès qu’il y a un ballon quelque part, j’ai envie de jouer, de dribbler, de courir, de marquer un but ou de faire marquer mes coéquipiers. Les gens disent que je suis doué. Je ne sais pas. Je reconnais seulement que je suis rapide et courageux. Je ne me plains jamais sur un terrain. S’il y a faute, je le reconnais, même si, je l’avoue, je n’aime pas perdre. J’oublie des choses, mais jamais les dates et les horaires des entraînements.  

Pas besoin de prendre la route pour Djawed, son club se trouve en bas de chez lui. Pas besoin de club de foot, j’ai ma cité 

Depuis deux mois, me revoici dans un club. Je suis plus tranquille, ça me donne un cadre. Le foot me permet de rencontrer des gens qui me comprennent. Je parle avec tout le monde. Sinon, ce ne serait pas facile de se lier. Comme je suis assez fort et respectueux, les gens viennent vers moi, me parlent. On se raconte nos exploits, à quel âge on a commencé, ce qu’on a accompli. On parle de clubs de foot, de la Ligue des Champions. On discute de qui va gagner ou perdre. On évoque Pogba, Neymar, Messi, Ronaldo, Mbappé. On se demande qui est le meilleur joueur cette année. Moi, je suis pour l’Ajax, mais beaucoup sont pour Barcelone ou Liverpool… Je sais que partout où j’irai, je ferai du foot. J’en ferai toute ma vie. C’est trop important pour moi.

 

Hamza, 16 ans, lycéen, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Mosa Moseneke

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