Shela R. 24/05/2020

Ma taille F je la vis bien, sauf en magasin

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Trouver sa taille de soutien-gorge en magasin, c'est mission impossible pour Shela... Mais contre la grossophobie, il y a internet et les États-Unis !

Comment avoir confiance en soi quand on te répète sans arrêt « Regarde, ton ventre dépasse » ? Ou quand tu vas dans un magasin et que c’est difficile de trouver ta taille ? Ou encore quand tu finis par la trouver mais que tu remarques que ça ne te va pas, car finalement toi-même tu complexes ? Je viens des Antilles, j’y ai vécu et, là-bas, quand on est grosse ce n’est pas une insulte. Au contraire, être bien en chair est plutôt valorisé. Mais en France métropolitaine, avoir des formes c’est déjà trop. Ici, la norme c’est faire du 36.

« Ouh la ! Du F ? Non, on va pas en avoir »

Côté poitrine moins t’en as, plus tu trouves ta taille dans les magasins. Et trouver ta taille quand elle dépasse du « B » ou du « C », c’est non seulement mission impossible mais quand tu trouves c’est beaucoup plus cher. Et moi je fais du « F »…  À Rennes, récemment encore j’ai fait trois magasins spécialisés lingerie du plus grand centre commercial de la ville et aucun n’avait ma taille ! J’ai demandé conseil à la vendeuse, elle m’a tout de suite répondu : « Ouh là ! Du F ? Non, on va pas en avoir. » Je suis repartie bien énervée de cette réaction et de l’absence d’offre me concernant. Pourtant, en vérifiant sur le site des magasins en question il y avait ma taille. Mais en rayons non !

Léna Positive est une influenceuse Instagram qui a longtemps subi la grossophobie et le racisme. Il y a un an, elle a tapé dans l’oeil de Rihanna, qui sélectionna une de ses photos pour la campagne lingerie de sa marque Savage x Fenty !

Depuis plusieurs années, j’ai choisi de faire mes achats en ligne, surtout sur des sites américains. Là-bas, sur ce sujet, ça bouge depuis longtemps. J’ai totalement confiance quand j’achète en ligne : je trouve ma taille plus facilement et de ne pas pouvoir essayer le produit ne me dérange pas trop car je connais parfaitement ma taille de soutien-gorge. Je commande aujourd’hui sur RougeGorge, Hunkemöller et la marque Savage X Fenty.

La grossophobie ne m’atteint plus

Aux États-Unis, il y a des offres pour les « grandes tailles » et les « petites tailles » dans les mêmes magasins aux mêmes prix, et depuis longtemps. En Guadeloupe aussi, tu trouves toutes les tailles. À Pointe-à-Pitre, pas besoin de faire trois magasins, un seul suffit. Bien sûr, à force d’entendre les commentaires, et de faire face à tous ces obstacles, je me remets en question. Je fais un régime, du sport, mais au final les gens auront toujours quelque chose à dire : « Cool, t’as maigri » ou encore « Mais pourquoi tu as voulu perdre du poids ? » Rien n’empêche les gens de commenter.

Victoria a décidé de s’accepter telle qu’elle est. Elle est belle, elle le sait et aucune remarque sur son corps ne la fera changer d’avis.

À 16-17 ans, la moindre des remarques pouvait me faire sentir différente. Aujourd’hui, j’ai décidé que si on me traite de grosse, je le prendrai comme si on me disait que j’étais belle. Oui je suis grosse, et oui je n’ai pas la « bonne » morphologie, mais j’ai compris que c’est très lié à la société dans laquelle je vis. Mon corps m’appartient !

Shela, 20 ans, étudiante, Rennes

Crédit photo Pexels // CC cottonbro

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