Marion C. 09/01/2017

Ces gens qui se disent de gauche…

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Dis-moi pour qui tu votes, je te dirai comment tu vis. Afficher des valeurs de gauche, est-ce aussi avoir un mode de vie « de gauche » ? Pour moi, c'est évident. Et pourtant, je ne rencontre que des contre-exemples. Ça me désespère.

J’ai rencontré beaucoup de gens de gauche qui vivent comme des gens de droite. Ce qui me frappe le plus chez eux, c’est cette hypocrisie, tellement violente, qu’ils appellent sympathie et qui m’a toujours donné l’impression de ne pas être un être humain face à eux.

Oui, j’ai rencontré des gens qui se disent de gauche et qui ne sont remplis que de haine, de soif de pouvoir et de méchanceté.

J’ai rencontré des gens de gauche fiers de leurs possessions, de leurs futures possessions, fiers de s’enrichir, de progresser dans la hiérarchie, fiers de leur réussite et de leur pseudo-mérite.

J’ai rencontré des gens qui prétendent être de gauche et qui ne sont pas prêts à renoncer à leurs privilèges.

Une vie sexuelle de gauche ?

J’ai rencontré des gens de gauche qui défendent de soi-disant grandes valeurs humanistes qu’ils sont incapables d’appliquer dans leur vie personnelle, ou même dans leur vie militante, car cela signifierait la fin de certains de leurs privilèges et cela nécessiterait aussi une certaine remise en question de leur part.

Ils veulent définir eux-mêmes les oppressions contre lesquels ils se battent alors que les personnes les  plus qualifiées pour cette tâche sont les opprimés eux-mêmes. Ils ne veulent souvent pas entendre parler de cela. Ce sont eux qui savent.

J’ai rencontré des gens de gauche qui m’ont dit qu’ils avaient raison de se comporter comme cela parce qu’eux au moins se « bougeaient le cul » pour changer les choses contrairement à tous ces gens qui ne faisaient que commenter leurs actions. Ils sont méprisants car ils croient souvent que seules leurs actions sont efficaces.

Ils sont méprisants. Ils sont malheureux. C’est comme cela qu’ils se « battent » : les bras chargés de leurs malheurs, de leurs frustrations et de leur dégoût.

Ils veulent qu’on les écoute ! Je les trouve tristes parce que l’amour n’a aucune place dans leur combat.

D’ailleurs, leurs vies sentimentales sont très souvent des désastres complets. Comparez la vie sentimentale et sexuelle d’un militant ou d’une militante de gauche et de droite : il n’y a souvent aucune différence ! Cela ne choque-t-il que moi ? Comment peut-on défendre deux visions différentes de la vie et avoir la même vie personnelle ? Nos valeurs et notre idéologie correspondent bien à nos modes de pensées n’est-ce-pas ? Et ces derniers s’appliquent donc dans tous les aspects de nos vies non ? Le militantisme ne peut pas s’arrêter à militer dans une orga, à aller en manif, à partager les publications cools de groupes facebook…

Se changer soi-même pour changer le monde

Mon militantisme, c’est comment je m’habille, ce que je mange, les gens que j’aime et que j’intègre à ma vie, ou au contraire les gens à qui je tourne le dos. Mon militantisme, c’est ma façon de parler, de faire rire les gens, de consoler et d’aider comme je peux les autres. Peut-être que certains aspects de ma vie pourront faire réfléchir les gens qui m’entourent. Voilà mon militantisme.

Ce que j’ai souvent retrouvé chez les gens qui militaient beaucoup en organisation, c’est une volonté de fuir leur vie, une volonté de s’occuper au maximum pour oublier qu’ils étaient malheureux.

Comment peut-on vouloir changer le monde si on ne prend pas le temps de réfléchir à se changer soi-même ? Comment peut-on se prétendre militant si on ne milite pas d’abord contre ses propres travers ?

Avant de vouloir démonter ce qui a construit nos sociétés occidentales pillardes et malades, je suis persuadée qu’il faut chercher au plus profond de nous qui nous sommes et démonter nos propres constructions, nous libérer de notre passé. Nous ne sommes pas des carcasses de viande. Nous sommes des constructions sociales. Nous sommes des modes de vie et de pensée.

Et si nous nous sentons capables de changer le monde, alors nous changer nous-mêmes ne devrait pas nous faire peur.

Comment « ces gens de gauche » pourraient-ils m’écouter ou même m’entendre, puisqu’ils méprisent aussi souvent les idées de travail sur soi et de spiritualité ? Pourtant, ils se sentent exister à travers leurs pseudos-valeurs comme un croyant qui se sentirait exister à travers la religion qu’il ne respecterait pas vraiment à la lettre.

Ils liraient mon texte en pensant que je suis une vraie petite conne qui se croit meilleure qu’eux. Ils liraient mon texte avec mépris et dégoût et lâcheraient sûrement un commentaire acide. Je me suis habituée à eux, mais je ne les vois plus beaucoup parce que j’ai arrêté de les regarder.

 

Marion Cécile, 20 ans, étudiante, Paris

Crédit photo Flickr, ‘Manifestation pour une 6ème République’, CC Philippe Leroyer

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5 réactions

  1. Tres bon temoignage

  2. Quelle luciditê, bravo !
    Je me moque, de mon côté, des petits “travers” des gens de gauche dans une petite chanson :
    https://youtu.be/LBaC2Gb-DdA
    Enjoy !

  3. Je ne suis pas de gauche ni de droite (extrêmes inclus et centristes aussi) car il m’est impossible de me retrouver dans les caricatures bruyantes qu’affichent leurs militants. Cet article en est le parfait exemple.

  4. Bravo très beau texte que de vérités je n aurais pas dit mieux

  5. C’est tellement vrai cette vision des pseudo gauchistes. J’ai une anecdote à ce sujet : mon frère qui a plutôt des propos racistes a décidé de devenir socialiste du jour au lendemain. Pourquoi? Parce que ça donne bonne conscience et qu’on n est plus un enfoiré sans coeur.

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