Omar A. 18/03/2020

Ancien décrocheur, futur éducateur

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Après un décrochage scolaire, Paul s'est engagé en service civique auprès de jeunes en difficulté et veut désormais en faire son métier.

Je n’ai pas eu le meilleur des parcours scolaires. J’ai arrêté mes études en seconde bac pro commerce, après l’avoir redoublé. Cette voie ne me parlait pas. Je ne m’y sentais pas bien. Je l’ai choisi, car je manquais de temps et de vision sur « l’après collège », mais je devais faire un choix. J’ai galéré pendant plusieurs années à enchaîner ici ou là des formations courtes, sans but précis.

Depuis trois mois, je suis en service civique dans l’association « L’être au cœur », qui mène des actions auprès des élèves de Bagnolet et Montreuil. Quand l’éducateur qui me suit m’a proposé ce service civique, je me suis dit que c’était le moment pour m’engager dans une expérience plus longue et plus sérieuse.

Je leur ouvre des portes

Aujourd’hui, je fais des interventions dans des collèges et des lycées auprès d’élèves en difficulté, en individuel et en collectif. On remarque les retards, les absences, les notes, et les travaux faits à domicile et on leur donne des conseils pour éviter qu’ils décrochent. Comme moi, certains élèves de troisième ne savent pas ce qu’ils vont faire ensuite. Ils sont un peu perdus. Comme moi, ils se demandent où ils vont.

15% des jeunes entre 16 et 29 ans n’ont ni emploi, ni études, ni formation. Des dispositifs existent cependant pour les aider à raccrocher au système scolaire. Retour sur quelques unes de ces initiatives, avec « La revanche des décrocheurs scolaires » , un reportage France Inter.

Alors je me renseigne sur leurs rêves, leurs hobbies, leur personnalité. Avec tout ça, j’essaie de leur trouver une filière qui pourrait leur plaire, et pas une voie de garage. Je leur ouvre des portes et ça me fait plaisir de penser qu’ils ne vont pas choisir une formation par défaut.

J’aurais bien aimé avoir ce type d’accompagnement, cela m’aurait évité de décrocher et de quitter le lycée au milieu de la seconde, sans personne pour me retenir. Mon collège en ZEP ne m’avait pas bien aiguillé. Je n’avais même pas vu de conseiller d’orientation et pour tout vous dire, je ne savais pas ce que c’était. Si j’en avais vu un, cela m’aurait sans doute permis de trouver ce métier plus rapidement et de faire les études pour.

J’ai trouvé mon but : devenir éduc spé

Moi aussi, le service civique m’ouvre de nouvelles perspectives. Je découvre le monde du travail et cela me donne envie de devenir éduc spé, d’aider les jeunes en difficulté. Mon référent va me permettre de faire une formation pour devenir l’équivalent de moniteur-éducateur. C’est la première fois que je sais où je vais.

Le décrochage scolaire n’a pas non plus été une fatalité pour Paul. Après un parcours compliqué et sans bac en poche, il a réussi à entrer dans un double master de droit.

Un étudiant sourit et tient dans sa main une toque de fin d'études dessinée au dessus de sa tête.

Le regard de mes proches change également. Ma mère et mon petit frère me voient grandir et devenir responsable. Je sens qu’ils sont fiers de moi. Et moi aussi je suis fier de moi, d’autant plus que je n’avais pas de but depuis longtemps. Mon service civique me donne un cadre, un équilibre, un objectif à atteindre.

Omar, 19 ans, volontaire en service civique, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Markus Spiske

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