Côme M. 15/03/2021

Covid-19 : la vie reprend quand ?

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Après un an de Covid, les habitudes de Côme ont bien changées. L'école est sa seule activité et la vie d'avant occupe toutes ses pensées.

Il est bientôt 18 heures, je sors enfin de l’école. Le couvre-feu arrive vite,  je viens de passer huit heures avec un masque sur le nez qui m’empêche de respirer. Je ne peux même pas aller me détendre dehors avec mes amis. Je dois rentrer chez moi et me mettre au travail. Je n’ai plus de séances de tennis, ni de foot, alors je passerai la fin de la journée dans ma chambre. Le soir, je n’irai pas au restaurant comme j’aurais pu le faire. Je suis obligé de tenter une nouvelle expérience culinaire qui sera sûrement loupée (j’ai quand même réussi à cramer une poêle en cuisant un steak). Et cette boucle continue jusqu’au week-end. Le week-end, je ne sors plus non plus : au lieu d’aller voir le match hebdomadaire du PSG au Parc des Princes, je le regarde à la télévision.

Puis lundi revient. Je retourne à l’école pour une nouvelle semaine de classe où je garderai mon masque toute la journée. Je pense plus aux contraintes du masque qu’à me concentrer sur le cours tellement il est gênant.

Même un nouveau confinement me ferait plaisir

Je ne sors plus avec mes amis à cause des confinements et du couvre-feu. Nos liens sont moins forts, car on ne se voit pratiquement plus qu’en classe. Et les occasions de créer de nouveaux liens amicaux deviennent rares.

Je ne peux plus me défouler comme je le faisais avec mes entraînements sportifs. Ils prenaient près de quinze heures de mon temps par semaine. L’école est ma seule activité, mais comme j’ai l’impression de ne faire que cela de la semaine, cela m’ennuie encore plus. Et j’ai encore moins envie de travailler qu’avant, même si je fais tous mes devoirs et que j’assure les bonnes notes.

Le syndrome de la « fatigue pandémique », caractérisé par un sentiment de détresse et de lassitude, se fait de plus en plus sentir après un an de la Covid-19. On lit dans les Échos que l’OMS alerte les États sur ce phénomène, qui pourrait mener à une baisse de la vigilance et à une désobéissance des citoyen·ne·s vis-à-vis des mesures mises en place par les gouvernements.

Tout cela m’enferme dans une sorte de cercle vicieux, une boucle interminable qui se répète sans cesse, sans changer d’un poil. Je suis tellement désespéré que j’en suis à un point où même un nouveau confinement me ferait plaisir, car cela changerait mon quotidien.

Ce temps perdu pourra-t-il être rattrapé ?

Je ne peux pas non plus faire d’activités avec ma famille. Ma grande sœur est en deuxième année de classe préparatoire, et n’a pas le temps de faire une autre activité que travailler (tout comme moi on dirait !). Ma petite sœur n’a que 7 ans, et est trop petite pour qu’on joue ensemble. Ma mère et mon père sont trop occupés, et n’ont pas le temps de faire quelque chose avec moi. Nos seuls moments tous ensemble sont les repas du soir, qui ne sont pas tous réussis car mes parents rentrent tard et c’est ma grande sœur qui doit faire à manger (et même si j’aime bien ma sœur, on ne peut pas dire que c’est le Philippe Etchebest de la famille).

Je ne vois plus non plus mes grands-parents afin d’éviter de les contaminer car, à leur âge, chaque petite maladie peut être fatale. Tout ce temps sans les voir commence à être vraiment très long.

En pleine crise de la Covid-19, Benoit ne trouve pas d’alternance malgré ses 180 candidatures. Pour le moment, tous ses projets sont en suspens.

Cette période me donne l’impression de perdre mon temps, de ne faire que ce que je suis obligé de faire. Je me pose des questions sans arrêt : pourquoi les stades de foot sont fermés, où on pourrait être assis une place sur deux, pendant que les écoles restent ouvertes ? Alors que nous sommes plus de trente élèves dans une salle, où on est tous regroupés, avec même pas trente centimètres d’écart. Est-ce que tout ce temps passé pourra être rattrapé où est-ce qu’il est définitivement perdu ? Les cours pendant le confinement ont-ils été utiles ou ce n’était qu’une perte de temps parmi tant d’autres ?

Est-ce que toutes mes activités sont définitivement terminées pour cette année ou vont-elles enfin reprendre normalement comme avant (parce que avec tous ces temps de pause, mon niveau a sûrement baissé) ?

Toutes ces questions me ramènent à une dernière : encore combien de temps va durer le coronavirus ? Je me demande déjà comment va se passer le retour à la vie normale. Le premier jour, je pense que j’irai matin, midi et soir au restaurant. J’irai au premier match de foot. Je serai dehors toute la journée de 8 heures du matin jusqu’au matin suivant. Ce sera le plus beau jour de ma vie je pense…

Côme, 14 ans, collégien, Neuilly-sur-Seine

Crédits photo Unsplash // CC Parastoo Maleki

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