Camille C. 02/01/2017

Deux jours auprès des réfugiés de Vintimille

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Je me destine à une carrière dans le social, un quotidien fait de rencontres, d'écoute, de conseils, d'aide. Un travail essentiel loin d'être tous les jours évident, avec un sentiment d'impuissance bien (trop) souvent présent. J'en a fait l'expérience en Italie.

Début décembre, je suis partie pour un week-end à Vintimille avec une association, Peace and Mobilisation, en vue de revenir pour une mission plus longue en Février prochain.

Pourquoi partir là-bas ? Parce que nous nous sommes rendu compte que les migrants, il n’y en avait pas qu’à Calais. Nous avons pris conscience que d’autres frontières posent des problèmes. Plus spécialement celle entre la France et l’Italie.

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Beaucoup d’Érythréens, de Soudanais, de Tunisiens, de Syriens, d’Algériens… Des personnes qui ont fui leur pays pour des raisons qui leur appartiennent. Certains qui veulent venir en France, d’autres pour qui notre pays n’est qu’un lieu de passage, pour retrouver une famille déjà installée ou pour re-construire de zéro une vie.

Deux jours ou trois semaines : toujours insuffisant

Nous avons donc organisé notre weekend, pris des contacts sur place pour, malgré le peu de temps que nous avions, nous rendre le plus utile possible. En amont, nous avions fait un appel aux dons de vêtements chauds, de chaussures et de duvets.

C’est dur de partir, comme ça, à peine deux jours, pour aider. Tu te sens à la fois inutile et impuissant.

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Et puis… tu te rappelles que tu y retournes bientôt pour plus longtemps, avec plus d’outils, de vêtements, de nourriture, d’eau. Mais ça n’empêche pas ce ressenti, trois semaines, ce n’est toujours pas suffisant. Et ta formation dans le social n’est pas d’une grande aide sur place. Parce que ce sont les lois et les humains qui buguent.

Ce sont les policiers qui raccompagnent à la frontière italienne des mineurs isolés, alors qu’ils sont en situation régulière sur le territoire tant qu’ils sont mineurs. Ce sont ces mêmes policiers qui font descendre du train, à la frontière, toutes les personnes noires de peau, sans même savoir si elles ont des papiers ou pas.

Ce sont les lois qui, bien qu’améliorées dans certains cas, ne permettent pas un accueil digne de ce nom.

Beaucoup se retrouvent, en plein hiver, à dormir dehors, à subir les agressions du froid, mais aussi des gens qui les traitent comme des indésirables.

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Ces gens ne sont pas là par choix !

Mais dans toute cette pagaille, on a trouvé des gens qui ont de quoi redonner foi en l’humanité : des villages qui se mobilisent dans les vallées frontalières pour former des maraudes, récolter de la nourriture, des vêtements, et aller, le plus souvent possible, à la rencontre de ces migrants qu
i ont pour seul objectif de vivre en paix, sans la peur comme seul sentiment.

Des gens qui risquent la prison pour en aider d’autres à se nourrir, à avoir un peu chaud, à discuter, à se sentir un peu moins seuls pour quelques heures.

Et surtout, j’ai croisé le regard de ces gens, qui ne sont pas là par choix. Je suis certaine que si les conditions étaient bonnes, ils resteraient pour la plupart chez eux. Parce qu’ils fuient la guerre, les persécutions, les dictatures, l’armée, l’avancée d’armées rebelles, le manque de travail et une économie vacillante (rarement !)… Il y a tant de raisons de fuir son pays. Et le chemin qu’ils ont emprunté, qu’ils nous ont raconté, c’est le plus dur.

Traverser des kilomètres et des kilomètres à pied, se rendre vulnérable aux agressions des personnes habitant le pays traversé, se retrouver sur un bateau pneumatique surchargé qui souvent chavire, passer des pays dont la langue est inconnue…

Il y a tant d’étapes douloureuses dans ce parcours. Et l’arrivée en Europe n’est pas aisée non plus.

Comment accueille-t-on les demandeurs d’asile ?

J’étais il y a quelques semaines en Sicile où j’ai pu visiter deux centres de demandeurs d’asile.

L’un installé dans un ancien hôtel au milieu de nulle part dans la montagne sicilienne où les hommes étaient plus ou moins livrés à eux-mêmes, avec un délai d’attente pour obtenir des papiers plus long qu’ailleurs, pas ou peu de chauffage, entassés à cinq dans une chambre pour deux.

Bien que travailleuse sociale, comprenant la complexité de la situation de cet hébergement ouvert en toute urgence pour faire face à l’affluence des migrants, je me suis dit qu’il y avait un réel problème de gestion et j’aimerais retourner là-bas, plus longtemps, pour comprendre exactement ce qui se passe.

Nous avons aussi visité un centre pour mineurs isolés, en plein centre de Palerme.

Ces deux centres sont le jour et la nuit : celui-là propose beaucoup d’activités (peinture, cuisine, cours d’italien…) et a même une radio au sein du foyer, qui a reçu il y a quelques jours le maire de la ville, qui œuvre beaucoup pour l’accueil des migrants.

Toutes ces rencontres m’ont permis de mettre un visage sur ces personnes dont j’entends parler depuis des années, qui ont « provoqué » mon engagement dans le social, de me rendre compte par moi-même que, malgré leurs difficultés, ils restent avant tout humains avec les mêmes préoccupations que nous (une jeune fille de 18 ans nous parlait musique, mode, garçons, alors qu’elle vivait en foyer après une traversée incertaine de plusieurs pays).

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Cette expérience m’a permis de prendre une claque et de me renforcer dans mes convictions : ce sont des humains et je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour changer les mentalités et les dispositifs pour les accueillir, mais si je pouvais agir sur les problèmes dans leurs pays… Ce serait encore mieux !

 

Camille Cohendy, 25 ans, étudiante à Marseille, originaire de Clermont-Ferrand

Crédit photos Camille Cohendy

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1 réaction

  1. Camille, vous êtes sans doute bien intentionnée, mais vous ne vous rendez pas compte que vous êtes en train de jouer le jeu des élites financières qui cherchent à recruter des esclaves modernes par le biais de l’immigration massive. Lisez Le Capital, cela vous fera du bien – et vous permettra aussi de comprendre que ceux qui s’opposent à l’immigration ne sont pas tous des fachos, au contraire.

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