Marguerite D 09/11/2020

Écologie : mes gestes du quotidien, ça ne change rien ?

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Marguerite mange bio, recycle et achète en friperie pour être écolo. Mais elle doute que ses efforts soient suffisants pour sauver la planète.

Je n’utilise plus de coton ni de démaquillant mais je commande mes livres sur internet. J’ai tanné ma mère pour qu’elle achète une carafe Brita pour réduire les bouteilles en plastique mais je continue à aller régulièrement au fast-food. Je ne jette plus mes mégots par terre mais je continue à prendre des bains. J’utilise des shampoings et savons solides mais j’achète des vêtements chez H&M. Je trie mes déchets mais je continue à acheter des bouteilles en plastique. Voilà le quotidien de « l’écolo non-radicale », « l’écolo volontaire »… que je suis.

« Manger bio c’est important. » En allant faire mes courses, je vais au rayon fruits et légumes, je me dirige vers le bio et là je me rends compte que tous les légumes bio sont emballés dans du plastique. Qu’on m’explique l’intérêt de mettre du plastique autour d’un concombre ! De toute façon, on ne mange pas la peau. Donc soit tu manges avec des pesticides, soit tu pollues en achetant des trucs suremballés. Super. On nous bombarde tous les jours de messages nous disant que l’avenir de la planète dépend de nous. Mais est-ce que c’est vraiment le cas ? Est-ce que le fait que moi, Marguerite, n’achète plus de packs d’eau va avoir un réel impact ? Ou de trier ses déchets ?

Je suis écolo, mais… mettre 50 euros dans un jean fabriqué en France ?

Pour trier, il suffirait d’avoir une poubelle et un bac pour le plastique/verre. Maintenant que je n’achète plus de bouteilles d’eau, ni de produits suremballés, ma consommation de plastique a beaucoup réduit, presque de moitié. Je n’ai plus besoin d’un énorme conteneur pour le plastique, en une semaine il ne se remplit pas entièrement. Sauf qu’un soir je marchais avec un ami fumeur, je lui ai crié dessus quand il a jeté sa clope au sol. « 65 euros si on jette son mégot par terre. » « Ouais mais il y a pas de poubelle. » On est place du marché, je lève la tête et je n’en vois pas une seule. Je lui dis qu’il peut bien attendre la prochaine. « Mais flemme d’attendre 500 mètres. »

VRAC ! est un podcast consacré au zéro déchet. Chaque mois, Audrey Vuétaz reçoit une personne engagée pour l’environnement. On y parle écologie bien sûr, et on y trouve des conseils pour agir à son échelle. Dans cet épisode, on rencontre l’instagrameuse @girl_go_green.

500 mètres, c’est la distance qu’il a suffi à mon chien pour surgir d’un buisson tout content avec un truc dans la gueule : un masque en papier. Je m’enfonce un peu dans la forêt pour voir où il a pu trouver ça. Je tombe sur une scène de crime : des paquets de cigarettes vides, une dizaine de canettes de bière, des paquets de chips… Au début, je m’énerve en me disant que les gens sont vraiment débiles, mais aucune poubelle près des tables ni à l’entrée de la forêt.

Après ma balade, mon jean est plein de boue, je vais en chercher un propre quand je me rends compte qu’ils sont tous abîmés. C’est peut-être le moment de m’en racheter. Mais est-ce que j’ai vraiment 50 euros à mettre dans un jean fabriqué en France avec des matériaux recyclables ? Pas vraiment. Bon, je vais aller dans une friperie… mais il faut aller dans Paris, faut qu’il y ait ma taille, les bons modèles, ça prend plus de temps et on n’en trouve pas à tous les coups. Donc je vais chez H&M où chaque vêtement est fabriqué en Chine et livré dans des sachets en plastique…

 Oui, quand je suis en gueule de bois j’aime bien manger un McDo…

Même problème avec les cosmétiques. Le maquillage, les savons, les déodorants vegan, naturels, c’est pas le même coût… alors il faut faire des choix. Pour ma part, j’ai choisi les cosmétiques. Ne plus acheter de bouteilles de shampoing, acheter une brosse à dent en bambou, faire mon déodorant maison. D’ailleurs, il s’est avéré que ça revient moins cher que d’en acheter dans les supermarchés. Il y a quand même des bons plans. Ces réflexions ce ne sont pas seulement les miennes, ce sont aussi celles de mes amis étudiants en règle générale.

En octobre 2019, Jeanne décidait de se mobiliser pour le climat en participant à l’occupation de la place du Châtelet organisée par Extinction Rebellion. Selon elle, cette action a révélé les nombreuses limites du mouvement.

La dernière fois, avec mes amis, on a voulu manger ensemble. Mais faire à manger pour huit étudiants qui finissent à 19h30, c’est presque mission impossible. Ça demande une détermination, du temps, un budget qu’on n’a pas forcément, donc on se rabat sur des pizzas surgelées et des sauces Panzani qui contiennent 75 % d’additifs avec des noms de médicaments. De temps en temps le week-end, on peut prendre le temps, mais ça ne peut pas être systématique. Oui, quand je suis en gueule de bois j’aime bien manger un McDo, parce que c’est rapide et pas très cher. Est-ce c’est ma faute si dans les plats cuisinés il y a pleins de conservateurs ? Si chez McDo ils mettent beaucoup trop de plastique partout ?

Malgré ça, je vais persister dans mes petits gestes quotidiens qui me donnent l’impression d’agir pour protéger la planète. Qui sait, peut-être qu’un jour je vivrais dans une maison avec des toilettes sèches en me chauffant à l’énergie solaire avec une alimentation constituée de graines… Mais c’est pas moi qui fait les lois.

Marguerite, 21 ans, étudiante, Saint-Germain-en-Laye

Crédit photo Unsplash // Daniel Chekalov 

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1 réaction

  1. Je comprends parfaitement ta réaction. Ce n’est pas facile de changer de mode de vie, mais au moins tu fait des efforts et c’est ça l’essentiel. Je te conseille le livre de Julie Bernier « Zero déchets » qui est une mine d’or. Il y aussi « zéro plastique, zéro toxique ». Pour les vêtements, on peut trouver des choses très bien sur vinted même ça émet du CO2…. pour les légumes bio je te conseille les marchés Bio ou les magasins bio. On est sûr qu’ils ne sont pas emballés. Il y a aussi les AMAP et les magasins circuits courts. N’hésite pas suivre les médias ecolos pour t’informer.

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