Camille C. 27/04/2017

Prière de ne pas s’abstenir… de débattre

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Pour la première fois dans ma courte vie d'électrice, je pourrais bien ne pas voter le 7 mai prochain. Déconcertée par les résultats du premier tour de l'élection présidentielle, je cherche aujourd'hui à comprendre comment les visages de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron ont pu s'afficher sur mon écran de télé dimanche dernier.

Les résultats de ce premier tour me laissent un goût amer… et plein de questions.

J’ai le droit de vote depuis 2008. Depuis 2011 je fais établir des procurations car je n’ai pas fait changer mon bureau de vote lors de mon installation à Marseille. Ma mère m’appelle le matin du vote pour être sûre du bulletin à mettre dans l’urne. J’ai grandi avec sa voix me disant que, ce droit, les femmes l’avaient acquis il y a tellement peu de temps, que c’était un devoir d’exprimer notre voix, quelle qu’en soit la couleur.

Leurs comportements plus que leurs programmes

Jusqu’à cette élection, je ne m’étais jamais vraiment sentie concernée. Je votais sans grande conviction. À défaut d’avoir un candidat qui me ressemble vraiment, j’éliminais ceux avec qui je n’avais rien en commun, que je pressentais comme dangereux.

Pour choisir un(e) candidat(e), j’ai tendance à davantage me baser sur leur comportement que sur leur programme.

Entre ceux qui foncent tête baissée, ceux qui disent blanc à l’un et noir à l’autre, les tribuns, ceux dont tu sens qu’ils ont le potentiel mais pas encore les épaules, ceux qui t’inspirent une grande crainte par leurs paroles et agissements violents…

Je me base aussi sur le comportement des gens qui les entourent : les proches, les soutiens, les militants. Et souvent, ça fait froid dans le dos. Il y a ceux qui ne savent pas dégager une idée du programme, ceux qui essaient de t’embrouiller en disant tout et son contraire, les intolérants, les fous…

Je lis, un peu. Je regarde beaucoup de vidéos. Je discute.

Je croise surtout pas mal les sources. Je lis autant la presse étrangère que française. J’écoute aussi les radios de tous bords. Bref, on ne peut pas me reprocher de ne pas m’y intéresser. Je ne milite dans aucun parti, ce qui me permet une assez grande liberté.

J’ai besoin de débattre !

Mais pour cette élection, je suis restée indécise jusqu’à la dernière minute. J’ai failli rappeler ma mère, la sachant en route pour l’isoloir, pour changer de bulletin. Mais je me suis dit… Advienne que pourra !

J’ai attendu jusqu’au soir, dans l’angoisse, les résultats que je savais en défaveur de mes idées, pour avoir suivi pas mal de pronostics tout au long de la journée.

Le soir, je suis restée scotchée par ce choix qui s’offre à nous : je ne m’y retrouve vraiment pas. Il me reste deux options : voter blanc ou faire annuler ma procuration. Oui, j’y pense, même si j’ai une idée très négative des gens qui ne vont pas voter (spécialement ceux qui se permettent quand même de donner leur opinion).

J’en veux aux abstentionnistes. Justement parce que j’ai été élevée avec l’idée que c’est un devoir important, même si c’est pour mettre une enveloppe vide dans l’urne. J’en veux surtout à ceux qui se permettent de parler des résultats pour s’en plaindre. Mais vous n’avez rien fait contre ces résultats ! Vous n’avez pas pris part à ces élections. Vous avez beau être citoyens, vous n’avez pas exercé votre droit. Pour moi, vous n’avez aucune légitimité à discuter des résultats.

Cela fait des mois que je me questionne en regardant des interviews, des micro-trottoirs… Comment les gens peuvent-ils être si haineux ? Est-ce juste la peur de l’inconnu ? Ou une haine développée en toute intelligence ? Un rejet, comme on peut le voir dans d’autres pays, d’un système à bout de souffle ? Une insouciance ? J’en parle à mes amis, mais ce n’est pas forcément intéressant (désolée les gens) car souvent, nous avons des avis assez semblables.

Du coup, je suis officiellement à la recherche de personnes qui ne partagent pas mes idées, qui seraient prêtes à en discuter avec moi, pour m’aider à comprendre le cheminement de leurs pensées.

 

Camille C., 25 ans, étudiante, Marseille

Crédit photo Flickr Eneas de Troya

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1 réaction

  1. J’ai connu Mélenchon peu avant 2012 au hasard d’une vidéo de l’une de ses conférences. puis une autre. Les idées m’ont parlé. Jusqu’alors je votais en réaction, par élimination, là j’adhérai. J’ai décider d’aller à Paris, je crois, première manif de ma vie, me disant si c’est agressif, terminé; Bon enfant, joyeuse seuls les points levés (idées préconçues soigneusement entretenues) me gênaient un peu. Me dérangeaient aussi ses émissions politiques un peu trop hard à mon goût; Le programme peaufiné 2017 et sa campagne écartant les appareils m’a encore davantage ancré dans cette vision de l’avenir “en commun”. peaufiné
    Je ressent profondément la catastrophe écologique qui s’annonce et qui conduira, peut être trop tard, à changer de modèle économique. Quoiqu’il en soit je met un petit mot que je poste augré des blogs sur les raisons et ce que j’envisage pour le second tour.

    Ne peut on simplement parler, argumenter sans s’invectiver, sans invectiver le mouvement des insoumis et son porte parole ? Le propre du mouvement des insoumis est de proposer, depuis la base,  dans la liberté individuelle une société à bâtir pour le bien commun en France et au delà.
    Les tenants du  pouvoir, par l’intermédiaire que sont  les  médias leur appartenant, orientent les idées et conditionnent les pensées “Hors de l’Europe telle qu’elle est point de salut ! Ou le la peaufinépidaire Élisez moi , au Loup au loup! ”
    Le chantage au front national mis en musique par les mêmes entremetteurs perdure avec succès jusqu’à présent (mais jusqu’à quand ?). Il conduit demain, triste réalité, à choisir entre un loup et un loup garou pour avoir au bout du compte un président élu par une minorité des électeurs contre le gré de l’immense majorité des Français.
    Je ne veux en aucun cas  concourir à plébisciter un homme vendu (après une énorme campagne publicitaire) comme un baril de poudre aux yeux qui va, sitôt élu, lessiver sans aucun état d’âme les plus fragiles d’entre nous.
    Usant du droit de vote acquis, en toute conscience et sans état d’âme également, je voterai Blanc !

    Une dernière chose : je suis pied noir et j’ai toujours été complexé par le sort réservé aux harkis et “arabes” qui ont perdus plus que nous et que la France à si mal accueillie. Le discours de Mélenchon à Marseille en 2012 m’a réconcilié en partie avec moi même.

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