Kenza A. 08/09/2017

Quand on m’a dit : « Tu n’es pas chez toi ici ! »

tags :

Regards pesants, propos menaçants... Quand je me promène avec ma tante voilée, je me sens plus que jamais étrangère. Etrangère dans mon propre pays, la France.

Vous avez un problème ?! Moi, mon problème, c’est vous ! Vous n’êtes pas chez vous ici d’accord ?! Donc si vous voulez la ramener, vous sortez !

Comment réagir après cette réflexion hurlée par un vigile, après quelques minutes seulement de présence dans le magasin ? Il nous suivait partout avec son talkie-walkie, comme s’il se prenait pour un agent secret. Il suffisait que je tourne la tête pour le voir à deux mètres de moi nous épier.

J’étais à la limite de l’inviter à me porter sur son dos pour faire les magasins ensemble. J’étais fatiguée !

Vous voulez savoir pourquoi il agissait comme ça ? Ma tante était voilée ! Il a suffi d’une phrase de celle-ci « Monsieur, y a-t-il un problème ? », pour qu’il nous hurle dessus. Etant très impulsive, je lui ai répondu. Ma tante aussi. Malheureusement, le scandale a éclaté. Et nous, femmes discrètes qui n’avons jamais eu de soucis avec la justice, nous sommes senties agressées gratuitement. Et accusées à tort ! Parce que oui, Monsieur, pour se défendre, a décrété nous avoir vu arracher les étiquettes de certains produits.

« Il nous suivait partout avec son talkie-walkie, comme s’il se prenait pour un agent secret. J’étais à la limite de l’inviter à me porter sur son dos pour faire les magasins ensemble. »

Cet incident lui a coûté sa place. Nous n’étions pas ses seules « victimes ».

La France, c’est notre pays !

Si je devais demander à ma tante son ressenti, en tant que femme voilée, face à ce type de comportement injuste, sa réponse serait qu’elle en a marre de sentir des regards perçants qui se portent sur elle quand elle entre dans une pièce, marre des remarques à la plage lors de sorties en famille, marre d’être considérée comme une criminelle et d’avoir le sentiment que certains lieux lui sont interdits : plages, piscines, magasins et j’en passe.

« Nous sommes malheureuses de n’être perçues que comme des étrangères, de ne plus se sentir chez nous, ici en France. »

C’est incroyable de se sentir épiée constamment, de se sentir mal et obligée de se justifier sur sa façon de vivre.

Les propos racistes et discriminants ne devraient plus avoir leur place dans notre société ! Nous sommes malheureuses de n’être perçues que comme des étrangères, de ne plus nous sentir chez nous, ici en France, un pays qui est le nôtre, où nous sommes nées, avons grandi…

Le voile, signe religieux visible, attire souvent les remarques islamophobes. Au supermarché comme en Festival, à lire ICI.

De nombreux amalgames sont faits quant à notre religion. Je n’admets pas qu’on parle de ma religion sans la connaître et qu’on assimile les terroristes à celle-ci.

Ma religion n’incite en aucun cas à la haine, mais bien au contraire à l’amour, la paix et le respect de chacun. Ma religion ne demande qu’à être reconnue à sa juste valeur, qu’à être respectée comme toute autre. Sachant que la folie ne vient pas de la religion, mais de l’Homme.

 

Kenza, 20 ans, volontaire en service civique, Perpignan

Crédit photo CC Nord-Ouest Films – Arte France Cinéma // La loi du marché

Partager

Commenter