Loreen G. 29/09/2020

3/4 Sans voiture, sans emploi

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Pâtissière, c'est le métier qui passionne Loreen. Elle trouve des offres d'emploi à Brest et dans ses environs mais, sans voiture et sans permis, personne ne veut l'embaucher.

Fraisier, framboisier, poirier, écriture au cornet, décor en pâte d’amande… J’ai découvert la pâtisserie pendant mon stage dans un restaurant ouvrier. La patronne me mettait souvent à la préparation des desserts. J’aime préparer et monter les entremets, c’est créatif ! Je me suis donc orientée vers un CAP pâtisserie.

J’ai trouvé le métier qui me passionne. Quand on rentre dans un labo de pâtisserie, on peut sentir les biscuits qui sont en train de cuire, la bonne odeur des fruits de saison… Il faut être très minutieux, concentré. Le pâtissier que j’admire beaucoup, c’est Cyril Lignac. J’adore la finition de ses préparations.

Mais, mon problème, c’est que j’habite à la campagne dans le Finistère, en Bretagne. Sans permis, c’est impossible de trouver un emploi.

Sans voiture, les offres d’emploi sont trop loin

La ville la plus proche, c’est Brest, mais c’est à trente kilomètres. Ça va faire un an et demi que je cherche… Quand j’appelle ou que je me déplace chez les employeurs, un des premiers trucs qu’on me demande c’est si j’ai le permis. Et quand je dis non, on me dit que ça va être compliqué.

En un an et demi, j’ai juste travaillé quatre jours au festival des Vieilles Charrues, en restauration rapide, et à la ramasse de fraises. Pas les jobs de mes rêves et c’est mon père qui m’amenait en voiture… Pendant mon CAP, j’étais à l’internat donc je n’avais pas le temps de me lancer dans le permis. Pas de budget non plus pour payer toutes les séances de code… 

Tous les jours, je regarde les annonces sur Pôle emploi ou sur Indeed. En pâtisserie, il y a tout le temps de nouvelles annonces, mais c’est trop loin de chez moi… Parfois, je n’ai même pas de réponse. Je me suis aussi inscrite dans des boîtes d’intérim. 

Je réfléchis à habiter sur Brest car il y a beaucoup plus de moyens de transport. Mais vu que je ne travaille pas, ça va être compliqué de trouver un logement… 

Avec tous ces refus, j’ai perdu espoir

J’ai eu cinq entretiens d’embauche qui se sont bien passés mais, au final, je n’ai pas été prise. Avec tous ces refus, j’ai perdu espoir de trouver un emploi… Je n’avais même plus envie de chercher. Heureusement, mes parents m’ont remotivée. Et ma dernière formatrice de stage m’a appris à ne pas baisser les bras quand je n’arrivais pas à quelque chose. 

Série 4/4 – Eliot vit dans un village éloigné de tout. Alors, dès qu’il en a eu les moyens, il s’est payé une moto pour pouvoir se déplacer quand il veut.

Capture d'écran de l'article d'Eliot avec une illustration sur laquelle on voit dans le fond, une moto sur une longue ligne sinusoïdale. Autour, il y a trois petites bulles jaunes qui représentent chacune des moments de vie. La première, en haut à gauche, une salle de cours avec étudiants. Sur la deuxième en bas à gauche on aperçoit une personne qui joue avec des manettes de jeux vidéos. Sur celle au milieu à droite, des mains de personnes qui tiennent des gobelets en plastique avec du liquide dedans.

 

Si je trouve un emploi, j’aimerais ensuite faire une mention complémentaire en pâtisserie chez les Compagnons du devoir. Si je l’obtiens, je pars six ans en tour de France et, si tout se passe bien, je peux faire mes trois dernières années à l’étranger. J’aurais pu rentrer en septembre, j’étais prise, mais j’ai demandé à décaler. Parce qu’avant il faut que je trouve un travail pour gagner de l’argent et payer la formation. Assurance, caisse à outils, garantie, tenues… ça fait à peu près 1 000 euros.

Pour l’instant, vu que je ne travaille pas, je fais des pâtisseries chez moi pour mes parents, mes frères et ma sœur. J’invente des choses. J’ai fait un gâteau au yaourt avec une crème pâtissière chocolat et caramel. C’était trop bon. Si je ne cuisine pas, ça me manque !

Loreen, 20 ans, en recherche d’emploi, Hanvec

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

Jeunes des villes, jeunes des campagnes

L’origine géographique, vecteur d’inégalités

Si la profession des parents affecte le parcours scolaire de leurs enfants, le lieu de vie joue aussi un rôle. 12 % des 17-23 ans issu·e·s de territoires ruraux considèrent leurs choix d’études supérieures comme ambitieux, contre près du double en agglomération parisienne. Les jeunes de petites communes rurales estiment avoir moins confiance en elles et eux que celles et ceux de la capitale.

Un sujet qui ne date pas d’hier

Les préoccupations des jeunes ruraux n’ont pas beaucoup changé en trente ans, comme le montre ce reportage de 1987. On y retrouve l’importance de la mobilité pour avoir une vie sociale, la rareté des infrastructures de divertissement et l’attachement au cadre de vie de la campagne. 

Sortir de l’ombre

Depuis fin 2021, les antennes locales de France Télévisions brossent treize portraits de jeunes qui ont grandi, comme 60 % d’entre elles et eux, loin d’une métropole. Dans les deux premiers épisodes de la série documentaire Jeunesse (in)visible, on rencontre Juliette, jeune aveugle, autiste Asperger et autrice de chansons, et on suit les ambitions de Malo, apprentie forgeronne et rêveuse. 

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2 réactions

  1. Essaie de voir ornikar, c’ est un moyen d’avoir le permis en moins cher

  2. Bonjour,
    Je suppose que tu as déjà du te renseigner mais au cas où je te signale qu’il existe une aide d’état (prêt à taux zéro) qui pourrait t’aider à financer ton permis : https://www.finistere.gouv.fr/index.php/Demarches-administratives/Circulation/Permis-a-1-par-jour#!/Particuliers/page/F13609

    J’espère que tu arriveras à trouver du travail,
    Sarah

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