ZEP 26/01/2014

Qui a encore peur des enfants gitans ?

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Spontanés, curieux et chaleureux, voilà comment son les enfants gitans de la Cité du Nouveau Logis. En service civique, j'aime les aider à faire leurs devoirs. Pourtant, on me dit sans cesse de faire attention. 

La première fois qu’on va au Nouveau Logis, une cité en périphérie de la ville de Perpignan où vivent une partie des gitans sédentaires de la ville, notre regard est happé par un chien à trois pattes qui passe, des papiers qui virevoltent un peu partout, des maisons en mauvais état, des carcasses de voitures, les enfants qui courent et crient. Il y a de la misère, vous avez presque un peu froid. Mais il y a aussi un courage et une envie de vivre qui vous giflent. Quand on arrive à la Cité du Nouveau Logis on vous demande aussi : « T’es qui toi ? » Une fois la réponse donnée : « Elsa, je viens pour les devoirs et toi, tu t’appelles comment ? », l’histoire commence.

Des enfants, tout simplement

La spontanéité des enfants du Nouveau Logis vous saute au visage. Ils vous attrapent souvent la main ou le bras pour vous montrer quelque chose, vous interpellent par votre prénom ou un « Madame ! » lancé avec une voix forte quand ils ont oublié comment vous vous appelez. Ils vous gardent à côté d’eux, vous posent des questions sur votre âge, votre mari et vos enfants que vous n’avez pas, sur votre voiture, sur tout. Rigolent pour tout et pour rien, s’énervent, se calment, chantent et font silence.

Ils se concentrent dans une cacophonie extérieure qui vous distrait. Ils demandent de l’aide, s’arrêtent, ne veulent plus que dessiner ou à l’inverse réclament des opérations mathématiques qu’ils veulent que vous corrigiez à toute vitesse en mettant des tirets et un très bien si possible en haut. Ils sont là après l’école, ils arrivent seuls, et sans que personne ne leur prenne la main, pour venir deux fois par semaine à l’aide aux devoirs.

« Fais attention à ton sac »

Après avoir consacré beaucoup d’énergie à un exercice, ils vous regardent heureux et déchirent la feuille ou… vous l’offrent : « À quoi ça sert de garder un exercice ! » Ils sont tous différents ! Il y a les discrets, les plus timides, les bruyants, les dissipés, les méticuleux, les appliqués etc. Bref, ce sont des enfants comme tant d’autres. Pourtant, lorsque je parle autour de moi de mes rendez-vous avec les enfants gitans, on finit toujours par me dire : « Fais attention à ton sac ! ».

 

Elsa, 25 ans, volontaire en service civique, Perpignan

Illustration : Ivan constantin

 

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