Myriam A. 02/07/2017

Délinquance : je n’ai pas pu empêcher mon frère de tomber

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Collégienne, j'ai vu mon frère peu à peu lâcher les cours et tomber dans la délinquance. Petits délits, prison, maison... Et puis un jour : arrestation pour meurtre.

J’étais au collège, en 6ème, je devais avoir 11 ans et mon grand frère 14.

Je me suis retrouvée dans le même collège que lui. Je le voyais tous les jours. Nous allions à l’école ensemble. Puis, il a commencé à y aller de moins en moins. Il restait dehors à traîner avec ses copains… Jusqu’à arrêter l’école.

Un jour, il devait être 6h-6h30 du matin, je dormais car j’avais cours plus tard dans la journée. J’ai été réveillée par des policiers qui sont venus taper à la porte. Ils sont entrés, ils ont menotté mon grand frère, fouillé sa chambre… Une fois fini, ils ont expliqué à ma mère ce qu’il se passait. J’étais petite et fatiguée. Je ne comprenais rien et je n’ai jamais su ce qu’il avait fait.

Au final, comme il n’était pas majeur, il a enchaîné les amendes et les petites peines de quelques mois. Cela a duré plus d’un an.

Il ne s’arrêtait plus et enchaînait les allers-retours en prison pour mineurs… Je le voyais se dégrader de jour en jour.

Alors, il a été envoyé dans un centre de redressement à Rouen. Il y a passé deux ans de sa vie, loin de sa famille. Au début, j’ai très mal vécu cette séparation. J’avais encore un petit espoir que c’était la fin, mais je savais au fond de moi que c’était seulement le début.

Des années de vie gâchées

Nous sommes allés une fois là-bas lui rendre visite avec mes parents et mon petit frère. Il nous a très bien accueillis. Il nous a servi un déjeuner qu’il avait préparé lui-même.

Je le voyais fier de lui. Je voyais qu’il avait changé, il était devenu plus souriant. J’étais tellement heureuse à ce moment-là !

Il y avait plusieurs éducateurs et éducatrices qui l’ont bien aidé. Il est revenu à l’âge de 17 ans,  j’en avais 14. Les premiers mois se sont bien passés, il s’était calmé.

Pendant presque un an, on a pensé que tout était fini. Il était revenu à la maison et ne sortait plus autant qu’avant. J’ai encore eu ce petit espoir que tout était terminé, qu’il allait enfin reprendre une vie « normale ». Mais juste avant sa majorité, il a été influencé par ses soi-disant « potes » et il a recommencé. Le cauchemar n’allait donc jamais s’arrêter !

Son dossier a une nouvelle fois été ouvert. En attendant son jugement, il a atteint la majorité. Il a donc été jugé en tant que personne majeure. Ses peines ne se comptaient plus en mois mais en années. Un an, puis deux ans… Encore trois ans de sa vie gâchés. J’étais au plus bas, je ne pensais qu’à lui, je le sentais s’éloigner mentalement semaine après semaine.

Recherché pour meurtre

Après sa sortie, durant toute une année, il s’est encore une fois calmé. Il ne sortait plus beaucoup et restait avec nous à la maison, tout se passait pour le mieux. J’étais de nouveau heureuse ! Jusqu’au moment où pendant trois jours il n’a plus donné de nouvelles, aucun signe de vie.

Je m’inquiétais. Le quatrième jour, il a appelé ma mère pour lui dire de ne pas s’inquiéter et de lui préparer un sac de vêtements que son « pote » devait venir récupérer pour lui ramener, deux jours après, en plein après-midi : une nouvelle perquisition, de toute la maison cette fois… Cela ne m’a pas choquée, je m’y attendais un peu. Ils ont tout fouillé : salon, chambres, cuisine, armoires, tiroirs et même nos téléphones…

Les policiers ont dit à ma mère que cette fois, il était recherché pour meurtre. Sur le coup, je n’ai pas réagi. Je n’y croyais pas !

Après une semaine de cavale, mon grand frère a décidé de passer voir ma tante et mon oncle. Il a passé une nuit chez eux. Le lendemain, à midi, mon oncle l’a emmené manger dehors le temps que ma tante appelle la police pour leur dire qu’il était chez eux. Il s’est alors fait arrêter… C’est à ce moment-là que j’ai compris ce qu’il se passait, que je n’allais plus le voir librement avant des années.

Je voudrais être médiatrice ou éducatrice, pour éviter que tout cela se reproduise.

Myriam A., stagiaire à l’Ecole de la 2ème Chance, Paris

Crédit photo CC Pop H // Flickr

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