Aïssa R. 09/08/2019

Jeune maman, sans mes enfants, je ne suis plus rien

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Aïssa a donné naissance à deux enfants : une fille, puis un garçon. Pour elle, aimer le second n’avait rien d’une évidence, car la grossesse n'était pas désirée.

Je me suis mariée en 2014 au Sénégal. Après, je suis venue en France rejoindre mon mari en juin 2014. Quand on est marié, on ne peut pas refuser de faire un enfant si le mari le veut. Le mien ne m’a obligée à rien. Il m’a dit que ça dépendait de moi. De mon côté, je me sentais prête car j’étais mariée.

Je suis tombée enceinte et le 18 avril 2015, ma fille est née en France. J’avais 18 ans. C’était ses 3 ans quand j’ai accouché d’un deuxième enfant, le 26 juin 2018. Avant, j’aimais beaucoup mon premier enfant ; plus que mon deuxième parce le premier avait été désiré tandis que le second n’était pas prévu. Avant que le deuxième naisse et que je le prenne dans mes bras, je ne l’aimais pas vraiment. Mais, avec le temps, j’ai appris à l’aimer comme sa soeur.

C’était mon devoir de le sauver

À sa naissance, à l’hôpital, les médecins m’ont dit : « Il faut faire la césarienne parce que sinon, il ne va pas naître en vie. Il faut la césarienne pour le sauver ! » J’ai pensé que c’était quand même mon bébé. Je l’avais porté huit mois dans mon ventre. C’était mon devoir de le sauver. Je lui ai même donné le nom de mon père. J’ai fait ça pour avoir le nom de mon papa à côté de moi car je l’aime beaucoup. C’était une façon de penser à lui alors qu’il n’était pas près de moi. Finalement, c’était des preuves d’amour pour mon deuxième enfant !

La grande est jalouse depuis ma seconde grossesse. Elle se met en colère, elle me demande de la porter tout le temps. Quand elle est venue à l’hôpital avec son papa, elle a dit : « C’est à qui le bébé ? » J’ai dit : « C’est à moi ! » Elle a répondu : « Non, c’est pas à toi. » Quand je suis rentrée à la maison, elle a dit que le bébé n’allait pas rester ici. Je n’arrive pas à la laisser toute seule, sinon elle tape le bébé. Il faut que je reste attentive. L’amour, on peut le partager. Chacun a sa place. Je les aime tous les deux. C’est ce que je lui dis tout le temps : « Tu es à ta place et ton frère aussi. »

Une scolarité implique de consacrer beaucoup de temps à étudier. Maria est étudiante en deuxième année de biologie à Jussieu. Elle est également maman, ce qui complique l’emploi du temps… Étudiante, j’ai appris à devenir maman

Il n’y avait pas que ma fille qui était jalouse, mon mari aussi. Avec le premier, tout allait bien. Depuis le deuxième enfant, mon mari croit que je m’occupe plus de mes enfants que de lui. Il me dit que je suis amoureuse de mes enfants. Ils sont petits, ils ont besoin des deux parents. Il faut qu’il comprenne ça.

Mais j’avoue, c’est vrai : je suis plus amoureuse d’eux que de lui. J’aime mes enfants, c’est ma passion, mon bonheur, ma joie de vivre, ma raison d’exister, ma plus grande fierté. C’est simplement ma raison d’être. Sans mes enfants, je ne suis plus rien.

 

Aïssa, 22 ans, en formation, Paris

Crédit photo Pexels // Nicholas Githiri

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1 réaction

  1. Notre plus belle histoire d amour c est de donner la vie et l amour de nos enfants est sans limite .

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