Joanna D. 22/01/2018

Au lycée, on me traite de bourge

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Quand je suis arrivée dans mon lycée du XIIe arrondissement de Paris, mon quotidien s’est trouvé chamboulé. Élevée à Saint-Germain, je passe aujourd'hui pour la bourgeoise de ma classe…

Au collège, j’allais en cours dans le VIe arrondissement de Paris, un quartier que j’aime plus que tous les autres. J’ai en partie grandi avec des enfants (très) aisés, des amis qui partent tous en vacances. Qui pour beaucoup ont des résidences secondaires et habitent dans de très beaux appartements bien situés dans Paris.

Je me suis adaptée à ce mode de vie germanopratin que j’ai adopté et adoré, tout en étant loin d’être la plus riche.

En arrivant au lycée dans le XIIe arrondissement, j’ai immédiatement compris que c’était un autre monde. Ça a été un changement brutal.

Parfois, avec mes copains du lycée, on se fâchait. Je leur expliquais que les bourges n’étaient pas tous fermés d’esprits, au contraire ! C’est ensuite que je me suis rendu compte qu’eux et moi étions tout à fait différents.

Sans le vouloir, je suis passée pour la bourgeoise des beaux quartiers, mais je n’aimais pas cette étiquette. C’était dire que je n’étais pas comme les autres. Ce n’était pas le reflet exact de ma personnalité. J’ai donc développé un système d’auto-défense qui était de surjouer et donc… de faire la bourgeoise.

VIème vs XIIème

J’ai comparé ces deux quartiers parisiens afin de comprendre pourquoi j’avais cette étiquette collée au front.

Mes amis du VIème font des voyages extraordinaires à chaque vacances, partent en week-end, vont dans leur maison de campagne. Après les cours, ils se rejoignent tous dans des cafés, en terrasse. Mes amis du XIIème, pour la majorité, partent peu, voire pas en vacances. Après les cours, ils rentrent chez eux ou ils rejoignent des amis, mais ils ne vont certainement pas au café. Dans tous les cas, ils sortent moins que moi.

Le lundi, à 8 heures, on se raconte nos week-ends. Je raconte à quelle soirée j’ai été, avec qui, dans quel café j’ai été le samedi. Je leur demande toujours ensuite ce qu’eux ont fait. C’est presque toujours la même réponse : ils ne sont pas sortis, ou peu. Leurs parents ne les autorisent pas à sortir le soir.

Cette année-là, j’ai appris à connaître plein de facettes de leur caractère. En revenant après les cours dans mon quartier, j’ai pu réaliser qu’à quelques stations de métro près, le style de vie des parisiens est relativement différent.

 

Joanna D., 17 ans, lycéenne, Paris

Crédit photo Sofia Coppola // Marie-Antoinette (film, 2006)

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1 réaction

  1. Bienvenue dans le monde des classes sociales, 🙂 🙂
    C’est déjà bien que tu te sois rendue compte de 2-3 choses… Combien de gens aisés refusent de voir la chance qu’ils ont eu à la base et expliquent les modestes perspectives d’avenir de ceux qui sont « en-dessous » par le mythe de la « méritocratie » ? A les entendre, si les riches réussissent, c’est parce qu’ils ont plus travaillé que les plus modestes… ça me fait doucement sourire. Dans notre pays, la méritocratie n’existe pas vraiment. A quelques exceptions près, les riches d’aujourd’hui seront les riches de demain, les classes moyennes d’aujourd’hui seront les classes moyennes de demain et les pauvres d’aujourd’hui seront les pauvres de demain…
    Au moins , tu ne tomberas pas dans ces mythes là, c’est déjà bien.

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