Francesco N. 11/05/2021

Covid-19 : un an et le décès d’une maman pour y croire

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Dans le quartier de Francesco, à Marseille, la Covid n’était qu’une maladie lointaine. La mort leur a fait prendre conscience du danger.

Jusqu’à ce mois de janvier 2021, je sortais tous les soirs à partir de 20 heures. Il y avait du monde dans le quartier, il y avait de la musique… Maintenant, il n’y a plus rien, c’est le désert. Qu’est ce qui a changé ? Une maman est décédée du Covid-19.

Au quartier, on a mis du temps à croire au Covid-19. Personne ne mettait le masque, on se checkait, on se serrait la main, il y avait même des rassemblements. Tout le monde s’en foutait. Ce n’était un souci pour personne, limite on ne connaissait pas. Tout le monde disait que le Covid-19, c’est un truc inventé par les Chinois, que ce n’est pas vrai, que tout ça, ce sont des conneries. Maintenant que j’y pense, on était trop sereins.

Des grands frères avaient partagé des messages et des Stories

Et puis un jour, ça a basculé. J’étais à l’école, je suis rentré à la maison et ma mère m’a dit qu’une maman du quartier était décédée. Je ne la connaissais pas spécialement, seulement de vue. Ses enfants étaient des grands avec qui je n’étais pas potes, mais mes frères l’étaient. Ma mère faisait partie des gens qui ont toujours fait attention et qui me disait de toujours se protéger.

Quand j’ai vu mes potes à la place au milieu du quartier, je n’étais pas le seul au courant. Certains l’avaient appris par leur maman, d’autres sur Snapchat. Beaucoup des grands frères avaient partagé des messages et des Stories « Salat al-Janazah », la prière funéraire pour accompagner les défunts dans la mort. Il y avait de l’émotion.

À ce moment-là, un peu automatiquement, tout le monde a décidé de faire attention. Ça a beaucoup changé.

Ça ne sert quasiment plus la main

Maintenant, tout le monde met le masque. Il y a même des gens qui mettent des gants, ça ne sert quasiment plus la main. On se salue de loin. Tout le monde est au taquet. Personne d’autre n’a attrapé cette maladie depuis.

Si les jeunes sont moins violemment  touché·e·s par la Covid-19, ils peuvent développer des formes graves du virus. Hughes a passé plusieurs semaines à l’hôpital après avoir contracté la maladie, à seulement 22 ans.

Moi, de mon côté, je sors quand même avec mes potes. Mais on a toujours le masque. On se checke toujours le poing. On ne parle pas du Covid, on essaye de faire comme d’habitude.

C’est triste à dire, mais peut-être que le décès de cette maman a sauvé des vies.

 

Francesco, 16 ans, lycéen, Marseille

Crédit photo Unsplash // CC MONT 

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