David C. 14/12/2019

Dans Second Life, j’avais une copine, du travail, des amis…

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Pour fuir la vraie vie, David s'en est créé une autre dans un univers virtuel : Second Life. Celui lui a permis d'oublier ses problèmes, mais l'a surtout coupé du monde.

J’ai eu des soucis graves dans la vie quand j’étais enfant, mais ce qui m’a aidé à me relever, c’est ma famille d’adoption et certains amis de longue date. Pendant longtemps, je me suis renfermé sur moi. Pour oublier les soucis, je me suis plongé dans le monde des jeux vidéo : League of Legends, Hearthstone, Second life, War Thunder, Dragon Ball Z Dokkan Battle, Albion Online, World of Warcraft, Demon Slayer, Game of Thrones : Conquest, Minecraft…

Ça m’a aidé à me vider la tête et à ne pas être négatif dans la vie. Vers 18 ans, je suis devenu vraiment addict. Pendant cinq ans, je me levais le matin, je fumais une cigarette et je commençais à jouer. Je grignotais devant l’ordi, je le quittais pas. Je pouvais rester toute la journée devant. Je jouais jusqu’à 5-6h du matin. Je le quittais juste pour aller au frigo, aux toilettes ou pour prendre une douche. Je ne sortais pas, je restais cloîtré à la maison. Trois ou quatre jours d’affilée. J’ouvrais un peu les fenêtres. Je connaissais personne. Je ne travaillais pas.

Je valais mieux que ça

Je me suis forgé une vie virtuelle, des amis virtuels, avec Second Life. Mon nom, c’est Bill2002. Dans Second Life, j’avais une petite copine, des amantes, du travail, des amis. Rien de ça dans la vraie vie. J’avais une centaine d’amis. Je pouvais tout faire. Même voler dans les airs. Comme métier, j’avais choisi d’être danseur. J’ai eu un coup de foudre. Elle s’appelait Annivé. Après deux ans de relation avec elle sur le jeu, un jour, elle m’a dit qu’elle était enceinte dans la vraie vie. Elle m’a prévenu qu’elle allait me quitter parce qu’elle pouvait plus passer autant de temps à jouer. On s’est séparés. Moi, dans la vraie vie, j’étais seul. Quand elle m’a quitté, j’ai pleuré. Car quand on est longtemps avec une personne que l’on aime, même sur un jeu, on s’y accroche. Je crois que c’est là que j’en ai eu marre de vivre comme ça. J’avais envie de me reprendre en main. Je me suis dit « c’est qu’un jeu vidéo ». Je valais mieux que ça.

Timide, Bonnie joue souvent aux jeux vidéo en ligne. Lors d’une partie, elle a rencontré Séa, un garçon dont elle est tombée amoureuse… sans jamais le rencontrer.

Mes parents m’ont aidé à réagir, à aller dans la vraie vie. J’ai retrouvé du travail et depuis, j’ai une vraie vie active. Ça veut dire ne plus rester seul. Je me suis aussi lancé dans des activités comme les pompiers, le judo, le foot… Ça m’a beaucoup aidé. Sur le jeu Second Life, j’y suis depuis huit ans. J’y vais encore, mais moins souvent, car j’ai moins le temps. Je ne vois plus l’utilité comme avant. J’aime mieux vivre les choses en vrai, avec des gens en face de moi. Ça me fait sortir, bouger, prendre l’air et ça fait du bien la vraie vie.

 

David, 32 ans, salarié, Troyes

Crédit photo Unsplash // CC Rhett Noonan

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