Gia D 28/03/2020

Endométriose : « Allô ? Je peux pas travailler. J’ai mes règles »

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À cause de mon endométriose, un jour, je n'ai pas pu me rendre au travail. Pour ma manager, les douleurs menstruelles n'étaient pas une « excuse »...

Aujourd’hui, je ne suis pas allée travailler. J’ai mes règles. Je souffre d’endométriose, du coup elles sont archi abondantes et douloureuses.

J’appelle mon agence d’intérim, j’explique que je suis malade et que je ne pourrai pas me rendre à ma mission du jour. La secrétaire que j’ai au téléphone me répond en me prenant de haut : « Vous avez vos règles donc vous ne pouvez pas aller travailler ? »

Je lui explique que ça arrive qu’elles soient hyper douloureuses et que je ne puisse rien faire de mes dix doigts. Ce à quoi elle me répond : « Donc je dois notifier que chaque mois vous allez être absente parce que vous avez vos règles ? » Je lui réponds que non, pas besoin, car la plupart du temps je prends sur moi et j’y vais, même si j’ai très mal, mais qu’aujourd’hui ça n’est pas possible. Et là, elle rétorque : « Ok les règles ça peut être douloureux, ce sont des crampes au ventre mais ça n’empêche pas d’aller travailler quoi. J’ai une entorse au poignet et pourtant je suis au travail. »

Je ne devrais même pas avoir à me justifier

Je ne devrais même pas avoir à me justifier… Les douleurs de règles, ça varie d’une personne à l’autre. Elle m’a posé des questions embarrassantes alors qu’elle n’aurait pas dû, vu que je lui ai dit que j’avais un mot du médecin. Je peux parfois avoir mes règles deux fois dans le mois, comme c’est le cas ce mois-ci. C’est très douloureux, je suis réduite dans mes mouvements et ma concentration est limitée. Comparer une maladie à une blessure, c’est irrespectueux et réducteur pour les personnes qui en souffrent.

Sur France 2, l’émission Ça commence aujourd’hui a donné la parole à quatre femmes qui souffrent d’endométriose. Des témoignages qui nous aident à mieux comprendre cette maladie encore trop peu connue.

Ce qui me choque le plus, c’est que c’est une meuf qui fait preuve de condescendance et d’une telle ignorance. C’est une femme comme moi, elle a sûrement d’autres amies femmes qui souffrent de règles douloureuses et peut-être même d’endométriose (une femme sur dix souffrirait de cette maladie sans qu’elle soit forcément diagnostiquée). Je ne m’attendais pas à ce manque de considération et de compréhension de sa part.

Ça ne m’était jamais arrivé avant, ni au travail, ni chez le médecin ou avec mes proches. Avec ma famille, y a pas de lézard, ni en amitié fille/fille : on ne se cache pas ces choses, on en parle normal. Par contre, ça m’est déjà arrivé d’avoir mes règles et d’être avec des garçons qui m’ont demandé : « T’as quoi ? T’es malade ? », et de pas pouvoir répondre : « Non j’ai mes règles. » J’ai des copines qui ont eu leurs règles en classe en plein milieu de la journée au collège, et la réaction des garçons fut de se moquer ou de lancer des réflexions du genre : « Ah c’est sale ! »

Je croyais que c’était ça le « contrat » des règles

Les gens ne sont visiblement pas (du tout) sensibilisés à ce problème, surtout que les règles sont encore un sujet tabou dans la plupart des environnements ! Familial, amical (plus précisément amitié homme/femme), à la télévision, dans un environnement scolaire ou professionnel…

Avant d’en être atteinte, je ne savais même pas que ça portait un nom. Je pensais que ça faisait partie du contrat, dans la clause « règles douloureuses ». Le fait d’avoir appris tardivement que je souffrais d’endométriose, ça m’a fait me dire que je ne devais pas être la seule à penser ça et qu’il y a toujours des personnes qui apparemment n’ont aucune idée de ce que c’est.

Les douleurs, l’incompréhension des médecins, Adélaïde a dû apprendre à les gérer. Mais l’endométriose altère aussi son quotidien, son alimentation et ses relations.

Le fait de me justifier, c’est carrément intolérable. Sérieux, d’où on demande autant de précisions à une personne qui vous dit qu’elle est malade ? Avec autant de mépris ? C’est vraiment un manque de respect !

Je sais pas ce que la France attend pour instaurer les congés menstruelles ?

 

Gia, 21 ans, intérimaire, Paris 

Crédit photo Unsplash // CC Kinga Cichewicz

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3 réactions

  1. Je suis tout à fait d’accord. Merci ça fait du bien de se sentir comprise
    Bon courage à toutes durant ces périodes invivable

  2. J’ai 16 ans et je souffre d’endométrioses. Je travail en alternance donc j’ai un emploi le problème c’est qu’on est en sous effectif et que les absences non justifiée ne sont pas tolérée. Vous faite le rapprochement ? J’ai appeler pour dire qu’en jetais incapable de bouger, ma voix était dérailler et j’en gemissais de douleur tellement c’était insupportable. Ils m’ont bien dis que cette absence n’est pas justifiée et que j’ai qu’à faire « un effort » et « prendre sur moi ». Je suis au bord de malaise, pliée en 4 sur mon canapé avec des plaquettes de médicaments je suis à bout.

  3. Bonjour bon courage avec ce que tu vis, je compatis.
    moi aussi je suis atteinte d’endometriose et en interim dans le bâtiment j’ai eu des réflexions du patron du style ‘ca se prévoit sa’ alors que je faisais un effort surhumain pour appeler tot le matin après une nuit blanche a suer et a se tordre en attendant que la plaquette d’antidouleur soit absorbée par le corps, ce qui met du temps car l’estomac au bord de l’ulcere met des heures a digerer les cachets. Les douleurs sont tellement vives et surtout lancinantes que cela declenche carrément des hallucinations certaines fois.
    Non ça ne se prévoit pas, les règles sont parfois très irrégulières, et les jours de ‘pic’ sont aléatoires parfois en debut, par fois en fin de règles.
    Se rajoute a cela des douleurs lors des rapports pour ma part j’ai choisi l’abstinence depuis des années.

    Tout ce que l’on m’a proposé au niveau médical c’est de me faire ménopausée ce que j’ai refusé. Je voudrais simplement qu’on me laisse me reposer les jours ou c’est insupportable.
    Face au monde du travail j’ai choisi comme stratégie d’annoncer ouvertement cette maladie sans honte et sans ménagement car ce n’est tout de même pas de notre faute sans déconner et cela je pense qu’il faut qu’on l’integre bien dans notre caboche.

    Mon truc c’est de prévenir des que je peux par téléphone ou par mail quand c’est impossible de parler, et de bien mettre l’accent sur le mot ENDOMETRIOSE jamais minimiser ses douleurs JAMAIS S’EXCUSER, c’est important, n’ hesitez pas a prendre des rdv médicaux pour appuyer votre légitimité mais evitez au maximum de vous justifier. Ce n’est pas a vous d’éduquer vos collègues sur ce sujet il y a suffisamment de quoi faire sur le net aujourd’hui.
    Bref voilà n’ayez pas honte car la plupart des gens qui vous rit au nez là, sont souvent ceux qui pignent pour un oui ou pour un non, le CULOT…. donc laissez les et aller chercher vos arrets de travail et rqth si besoin. Prenez soin de vous.

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