Dorine M. 15/04/2018

J’ai sauvé mon amie de ses parents toxiques

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Quand ma nouvelle amie m'a parlé de ses problèmes familiaux, je l’ai consolée, aidée, et accueillie chez moi en mode sauve qui peut !

En première année de fac, j’ai rencontré cette fille. Nous étions toutes les deux en licence d’anglais. Nous avons commencé à passer du temps ensemble en dehors de la fac. Un jour, en sortant d’un cours plutôt intéressant, elle me dit : « J’ai aucune envie de rentrer chez moi. » Nous nous sommes tous dit ça une fois dans notre vie. Je ne pose pas de question. Je lui propose simplement de venir chez moi. Elle refuse en me disant qu’elle doit rentrer tout de suite après les cours.

Plus tard, elle se confie enfin. Ses parents veulent tout contrôler dans sa vie, ne lui donnent aucune preuve d’amour. Ils la mettent de côté volontairement, soulignent seulement les choses qu’elle fait « mal », font tout pour l’éloigner de son copain. Entre temps, j’ai bien appris à la connaître : c’est une personne sage, calme, bonne élève et obéissante. Ses parents n’ont donc aucune raison d’agir de cette façon avec elle. Après plusieurs recherches sur Internet, elle a vu que leur comportement correspond à celui de pervers narcissiques.

Pendant les vacances d’été, elle m’envoie un long message auquel je ne m’attendais pas. Elle est dans le Sud avec ses parents et il s’est passé quelque chose qui n’était encore jamais arrivé avant : sa mère l’a frappée, à plusieurs reprises, sans raison. J’ai donc décidé de l’aider.

Dès la rentrée, son copain et moi l’avons accompagnée voir une assistante sociale. Lola avait appelé Enfance maltraitée juste après le coup de folie de sa mère. Ils lui ont dit que, comme elle était majeure, elle n’était pas prioritaire. Ils ne pouvaient que lui conseiller de partir de chez elle. Elle a craqué. Elle s’est rendu compte qu’elle avait une chance de s’en sortir, que sa situation allait changer. Cependant, elle allait devoir passer deux jours en auberge de jeunesse. Le temps qu’on lui trouve une chambre universitaire.

Le problème, c’est que je l’ai retrouvée exténuée le lendemain en cours. Elle dormait debout, elle avait passé une nuit horrible. Impossible de la laisser comme ça : la nuit suivante elle dormirait chez moi, à l’étroit dans mon 9m².

Le jour d’après, la nouvelle est tombée : elle avait une chambre, très loin en banlieue, au terminus du RER B. Imaginez, elle vivait une rupture familiale difficile et elle se retrouvait seule, loin de tout. Elle n’allait pas bien, je ne pouvais pas la laisser seule là-bas : cette chambre lui permettait de sortir d’une situation horrible, mais pas de l’aider à aller mieux.

Alors plusieurs fois par semaine, je lui disais de venir dormir chez moi, nous mangions et passions nos soirées ensemble et nous dormions à l’étroit. Mais au moins, elle n’était pas seule. Cette situation a duré plusieurs mois, le temps qu’un logement se libère sur le campus de notre université. Cette épreuve nous a beaucoup rapprochées et aujourd’hui, je ne regrette pas du tout de l’avoir aidée car elle en avait besoin.

Maintenant, elle va mieux, elle a une chambre sur le campus de Nanterre, elle ne subit plus la pression morale et physique de ses parents, elle voit un psychologue pour sortir de son mal-être. Et je sais que l’amitié qui nous lie maintenant est différente des autres, elle est plus solide.

 

Dorine, 19 ans, étudiante à Paris Nanterre

Crédit photo Flickr // CC Rachel

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